Confiné depuis 12 mois sur avis médical avec les risques liés au Covid-19, je peux enfin travailler avec un très bon photographe sur la ville de Rouen. Quoi de mieux de commencer notre collaboration avec la place de la cathédrale, au cœur de la vieille cité historique?
GI-HEFF n'est pas un artiste mais il sait photographier sous des angles inattendus le sujet qui l'intéresse. A moi de commenter ses photos et à ne pas le décevoir. J'attendais cette collaboration depuis un bon moment et elle me rend bien service pour parler de mon émerveillement devant les traces d'un passé architectural qui soulèvent un peu le voiles sur l'histoire des rouennais, ces fiers normands descendants des vikings à la culture si riche dans le haut Moyen-Âge qu'elle domina l'Occident.
Vue du parvis "Ouest", c'est-à-dire de la place de la cathédrale, le croisement des voies gallo-romaines (Rue de Carmes et rue du Gros-Horloge) nous invite à la contemplation. L'édifice doit son charme à son infinie variété de style au long de 9 siècles d'évolution architecturale et ses jeux de lumière au différentes heures de la journée.
Claude Monet ne s'est pas trompé (1840-1926), le plus grand peintre impressionniste a immortalisé la façade de l'édifice en réalisant une série de renommée mondiale dont le "Portail de la Cathédrale par remps gris" exposé au musée des Beaux Arts de Rouen qu'il faut absolument visiter. Ces chefs d'œuvres sont aujourd'hui exposés dans les plus prestigieux musées d'art du monde. de multiples ouvrages d'art sont consacrés au maître de l'impressionnisme et je ne ne peux rien ajouter.
Petit peintre amateur je ressens que Monet est dans sa cathédrale, en elle, avec elle, pour elle dans une expérience totale de corps à corps.
C'est cette obsession qui ma submergée quand j'ai osé demander à mon maître aquarelliste, André Le Noir, de m'aider dans ma peinture de trois tableaux réalisés pour ma sœur Elisabeth, une amie habitant une maison à colombage du XV° siècle et enfin une grande composition pour mon salon. Je n'en dormais pas la nuit. J'ai moi aussi un lien viscéral avec cette fascinante représentante de l'art Normand. Nulle part ailleurs je n'ai vu autant de lumière pénétrer à l'intérieur sauf à la Sainte Chapelle de Paris. Si mon tableau montre mes modestes limites, j'en suis aussi très fier.
Claude Monet a réalisé l'exploit que ces cathédrales dépassent leur sujet. Rouen est connu dans le monde entier grâce à cet artiste hors du temps.
La Tour de Beurre, à droite sur la photo de GI-Heff édifiée au XV° siècle fut appelée ainsi à partir du XVII° siècle parce que les rouennais la croyaient construite grâce aux dispenses perçues par l'Eglise des fidèles autorisés à consommer du lait et du beurre pendant le Carême. Rien n'a changé, l'argent pèse lourd dans les injustices sociales qui mènent à la révolte. Le protestantisme et les loges maçonniques doivent leur essor à Rouen à ce rejet viscéral des dispenses accordées par l'Eglise catholique corrompue par l'argent. Les imprimeurs furent le fer de lance de ces mouvements réformateurs contre l'obscurantisme pseudo-religieux.
Cette tour abrite un carillon de 55 cloches et une cloche à l'origine d'une expression populaire : "Boire à tire la Rigaud".
Les sonneurs devaient entraîner par leur propre poids et leur force musculaire les grosses cloches dont la Rigaud. Comme "Quasimodo", héros de "Notre dame de Paris' de Victor Hugo (1831), ces pauvres diables devenaient complétement sourds et avait tendance à s'enivrer.
A l'intérieur, GI-Heff prit quelques belles photos. Par sa sobriété, l'intérieur contraste avec la façade abondamment ornée. La nef actuelle a remplace celle de l'église romane incendiée en 1200. Elle était presque achevée en 1204 quand Philippe Auguste mit fin à l'Etat Anglo-Normand.
Rouen se rendit sans trop de résistance au roi de France le 34 juin 1204.
Le roi voulu entrer dans la ville par une brèche ouverte dans les remparts pour bien marquer les esprits ! "Rouen est une ville conquise" et devra donc se plier à sa nouvelle autorité toute puissante.
Il fit d'ailleurs raser le vieux châteaux ducal, saper les murailles, combler les fossés des remparts. Ce n'était pas un tendre mais il fut un des grands rois de par son pragmatisme politique, militaire à l'orgueil démesuré.
Philippe Auguste, sur les ruines de l'ancien amphithéâtre gallo-roman, fit construire un château fort dont il ne reste que le donjon près de la gare.
Il promet qu'il n'obligera pas les bourgeois à marier leur fille contre leur gré et qu'il ne les poursuivra pas pour fait d'usure.
Economiquement c'est une rupture commerciale avec l'Angleterre. Rouen, soudé à son arrière-pays doit orienter son commerce vers le Bassin parisien et son port devient le débouché naturel des riches plaines parisiennes et de Haute-Bourgogne avec notamment l'exportation du vin, l'essor de la draperie, l'élevage des moutons et le tissage de la laine. Les bourgeois=s ont rapidement compris que leur postérité et leur fortune dépendaient de leur soumission au royaume de France. Ainsi va toujours l'opportunisme économique.
Quant-aux vitraux, selon Françoise Perrot dont c'est la spécialité, ils présentent un ensemble du XIII° au XVI° très intéressant. dont je parle dans un autre article.
Effectivement tous les styles sont présents dans cette cathédrale, une des plus belles de France. Les autels des chapelles latérales offrent un étonnant contraste avec des styles divers dont celui qui symbolise la vision du paradis au XVII° et XVIII° siécles : Le style baroque
-Vestiges des anciens quais de la Seine sous Rollon vers 970 après JC- -Au sud de la place de la Calende en bordure de la rue Alsace-Loraine- -Photo personnelle- |