ART

ARMADA DE ROUEN ET L'ART


Les Peintres Officiels de la Marine sont les invités d'honneur du Salon de Rouen (Hôtel du Département) du 7 au 15 juin. La Société des Artistes Normands profite de cet événement exceptionnel pour s'associer à ces 24 prestigieux artistes invités aux modes d'expressions très divers tournés vers l'eau, la mer, les bateaux, les marins... avec cette passion commune qui leur permet de faire corps.

-Les Peintres Officiels de la Marine et le public-

-Pascal Martin et Patrick Herr- 

-Les Peintres Officiels de la Marine-

Mon neveu, Pascal Martin, a inauguré cette exposition majeure. Il est encore pour quelques temps Président du Département de Seine-Maritime. Bientôt, il représentera une autre facette de la République au Sénat : celle du territoire qui est au cœur de notre démocratie le fondement du réalisme et du dynamisme de la vie socio-politique. Dans son discours d'accueil, il insista sur l'importance de l'art pour notre époque comme le révélateur de l'âme d'un peuple dans un terroir, une vie socio-économique avec toutes ses activités. La mer, la Seine, le port de Rouen en sont les vecteurs que les artistes magnifient. 


Enfin comment ne pas saluer le père fondateur des "Armadas" de Rouen : Patrick Herr. Il eut ce trait de génie et le concrétisa depuis 1989. 
La 7ème édition de l'Armada sera une réussite populaire, culturelle, économique et nous ne pouvons que lui dire un grand merci.



-André Le Noir, à droite de Pascal Martin-
De très nombreux artistes normands participent aussi à cette exposition qu'il ne faut pas rater. 
Mon professeur aquarelliste (André Le Noir) y participant naturellement, puisqu'il est le trésorier de la Société des Aristes Normands, m'a gentiment invité et je profite donc pour mettre en ligne des photos prises lors du vernissage. 
Mais l'éclairage des œuvres n'est pas adapté et rend la prise de photographies vraiment difficile et limite donc ma sélection, je m'en excuse.



Jean-Pierre Ariele, Peintre Officiel de la Marine, est un dessinateur hors lignes qui rend la réalité sublimée. La mer, les bateaux savent sous son coup de crayon raconter le rêve qui nous habite. Les voiles gonflées dans la mâture du Belem navigant avec le pavillon tricolore en sont le ressenti. Une émotion de marin me saisit. L'artiste est un marin, un matelot bourlinguant sur les océans. Je choisis cette oeuvre très réaliste en préambule car le "voileux" en moi trésaille...


Chistoff Debusschere, Peintre Officiel de la Marine, nous entraine dans la DCN à Cherbourg avec cette grande et superbe toile. On le dit mélancolique ; ça je ne sais pas ! Mais le clair-obscur de cet atelier naval révèle une lumière profonde, inoubliable et c'est extraordinaire que la rationalité froide de ce tableau nous touche. 



Michel King, Peintre Officiel de la Marine, présente cette toile sur Rouen intitulée "Souvenir des Voiles": " Observer c'est comprendre, percevoir les secrètes structures. Déceler les grandes houles qui animent la mer avant les les vaguelettes qui crêtent sa surface." 



Jean Lemonnier, Peintre Officiel de la Marine, est un sculpteur particulièrement sensible à la beauté du monde animal sauvage et menacé par le changement climatique comme ces superbes "Manchots à jugulaire" aux lignes pures et aux volumes qui en accrochant subtilement la lumière, rejoignent les sculptures des faucons de l'Egypte ancienne. Je suis admiratif  car ces deux oiseaux marins témoignent que l'amour habite toute vie et nourrit notre imaginaire de l'essentiel.



Guy L'Hostis, Peintre Officiel de la Marine, est un ancien officier de la Marine marchande et un peintre autodidacte de talent.


Ha ! quelle belle toile ! je suis subjugué et hyper sensible à ce tableau de poissons : tout est dit ! Elle est l'oeuvre de Bernard Wautier décédé en 2017.


Interpellé mon œil s'arrête sur cette composition. Est-ce que je l'aime ? Je ne le crois pas ? Mais c'est parlant et peut-être "rigolo"?
En tout cas l'originalité de l'ensemble accroche et réveille des ressentis contradictoires. C'est dommage je n'ai pas relevé le nom de l'artiste en prenant cette photo...


Je ne suis pas un "fan" de la peinture au couteau et pourtant le peintre Queméré m'émeut avec ces péniches amarrées.


C'est le "foutoir" des flotteurs des casiers de pêche sur le pont d'un bateau à quai. Pourtant la composition est très structurée avec la diagonale de la mise en page. Ce grand tableau me parle car il me plonge dans l'ambiance d'un port de pêche. Les couleurs, la lumière sont bien ressenties... J'aime.


Christiane Rosset, Peintre Officielle de la Marine,  présente deux toiles à la construction rigoureuse : "Apprendre voir avec un œil nouveau, observer, méditer puis transposer et construire ensuite sur la toile les instants de lumière...Quel bonheur."



"Je t'aime, moi non plus !" Cette peinture au couteau accroche mon regard malgré toutes ces incohérences pour le marin que je suis. 
Aucun voilier dans une mer aussi démontée et un vent à décorner les bœufs ne garde toute sa toile ! 
Ou alors, il rejoint les bateaux fantômes des légendes et leurs équipages de "zombis" hantant l'imaginaire effrayant des matelots endormis par quarts dans leur hamac accroché dans le faux-pont.
Ce tableau est une part d'imagination et il faut l'interpréter comme telle. L'artiste est libre avant tout !


Tout simplement, j'aime ce tableau...


Alain Jamet, Peintre Officiel de la Marine et de l'Armée de Terre,  : "Pour quelques instants, le peintre connaît un bonheur qu'à aucun prix il n'abandonnerait. C'est une passion."


Anne Smith, Peintre Officielle de la Marine, aime peindre en plein air et à bord des bateaux : "Gardez vos boussoles ! Comme en mer la route d'un livre n'est jamais droite..." Cette artiste est l'auteure d'un récit de voyage d'une peintre embarquée : L'Etoile au soleil de minuit aux éditions Ouest-France.


L'opposition entre le regard pour le moins interlocutoire de cette dame et cette sculpture est un bel exemple de la vocation de l'art : bousculer nos certitudes, nous ramener à nous-mêmes, jouer avec nos questions et nous laisser libres de ressentir et de choisir.
Ma femme trouve cette oeuvre horrible et moi je ris, je jubile, car l'artiste réussit en nous ne nous laissant pas indifférents : nous-nous sommes arrêtés devant son poisson fantastique avec sur le dos cette fille qui nous invite à aller plus loin...


Amusante composition sans doute en papier mâché, ces "musiciens" n’émeuvent pas mon épouse, hyper réaliste, mais moi je les aiment car ils m'invitent à oublier ma surdité profonde. Si je ne peux plus recevoir la musique, je la vois, la ressens avec ses vibrations et elle m'invite à l'évasion rêveuse, à l'imagination créative... Sourd oui, mais mes yeux voient :  je ne peux vivre sans musique ! Allez comprendre pourquoi ?


J'aime particulièrement cette sculpture en métal et en verre. Il y a symboliquement la force de la lumière et le dynamisme d'un voiler et la conjugaison de l'intelligence du marin...  


L'abstraction l'est-elle vraiment ? Je le crois pas. Cette oeuvre en métal peut suggérer la proue d'un bateau. Que sais-je ? Il y a une énergie, une harmonie et mille questions qui me traversent quand je regarde cette sculpture. C'est ça l'art ! C'est la passerelle entre la réalité objective et le ressenti intuitif qui comme le vent va où il veut...





François Legrand, Peintre Officiel de l'Armée de Terre et de la Marine, présente ce triptyque , à bord de l'Hermione, d'une grande qualité artistique et ce voilier vu d'un hélicoptère. Sa peinture est un souffle, sans doute classique, mais renouvelé par la passion. Et c'est celle-ci qui m'émeut car elle est convaincante.


C'est un public de passionnés invité par la Société des Artistes Normands qui honora ce vernissage du Salon de Rouen. Humblement j'en fais partie et je suis émerveillé par la créativité toujours renouvelée dans l'expression picturale.



Ces vieux marins à quai n'embarquent plus mais se racontent des histoires de mer, de drames, de tempêtes et de retour au port après une campagne de pêche... l'aventure est toujours vivante dans leurs échanges sur les quais des ports du monde entier. Les marins sont de rudes gaillards mais ils ont le cœur tendre, même si comme Brel le disait, ils ne peuvent plus "bander" à l'évocation de leurs éphémères amours ...



Ce beau tableau de M. Dehay me touche car il évoque les mutations de l'industrie, les drames sociaux qui en découlent... Et pourtant l'artiste de par son cadrage et sa luminosité rend captivante sa composition.



L'Armada inspire les artistes normands. J'en sais quelque chose car j'aime par dessus tout peindre des voiliers. Elle révèle aussi l'âme du port maritime et fluvial de Rouen. Les grands voiliers évoquent un passé encore récent. 

François Bellec, Peintre Officiel de la Marine, est aussi un conférencier, romancier et consultant sur l'histoire de la mer et de l'exploration du monde. Ce tableau que j'aime particulièrement touche toutes les cordes du marin et de l'artiste que je suis (peut-être ?) il est la petite fenêtre par laquelle je vous invite à voguer au delà de l'horizon...

Voila un modeste tour d'horizon sur les très nombreuses œuvres présentées dans les salons de l'Hôtel du Département. L'éclairage de ces œuvres d'art n'étant pas techniquement adapté à ce type d'exposition, je n'ai pas pu vous présenter tous mes coups de cœur. Je vous invite donc à visiter ce Salon ouvert au public jusqu'au 15 juin 2019 de 9 h à 18 h tous les jours. Vous serez loin de la foule qui se presse sur les quais pour admirer les grands voiliers. Au calme vous pourrez apprécier ce qui inspire les artistes et vous évader de l'ordinaire de votre quotidien. 

Je remercie enfin André Le Noir de m'avoir invité à ce vernissage très riche en découvertes.

-André Le Noir peignant sur le vif à l'Armada-



CAMILLE : ÉPHÉMÈRE MAIS SUPERBE !


En juillet 2010, La ville de Rouen avait commandé à l'artiste belge, Arme QUINZE,d'édifier sur le pont Boildieu une gigantesque composition en bois de 100 tonnes et de 120 mètres de long.

Cette oeuvre colossale ne laissa pas les touristes de passage et les rouennais indifférents, et c'était l'objectif pour les inviter à visiter au Musée des Beaux Arts de Rouen une superbe exposition internationale sur l'Impressionnisme dont la Normandie fut le berceau. 

Certains ont crié au scandale, d'autres ont ressenti un souffle de génie. 

J'aurais bien aimé que Camille soit conservée dans un autre endroit pour libérer le pont. Mais "Camille" fut conçue pour être éphémère et frapper nos esprits. De ce côté là, ce fut une réussite.

Photos ci-dessous : source Internet 







Camille, un pont abstrait sur un pont fonctionnel, est une oeuvre d'un récidivisme du genre. 


 A travers son travail, Arme Quinze veut nous inviter au dialogue. En stimulant les réactions des habitants des grandes villes, ils nous invite à protéger et à apprécier ce que la nature nous offre.  "Les grandes cités doivent relier de manière transparente la culture et la nature dans un équilibre vital", insiste-t-il.














ROUEN ET L'AQUARELLISTE

André Le Noir


Cet artiste est attaché au réel et peint au fil de ses coups de cœur.



-Les carnets de voyages de l'artiste-

André Le Noir est aussi un grand voyageur. Il vogua sur beaucoup de mers du globe à la rencontre de peuples exotiques et rapportant, dans ses carnets de voyages accompagnés de photographies, la matière particulièrement intéressante pour nourrir ses grandes aquarelles de paysages et de portraits qui sont autant de témoignages anthropologiques.

Mais aujourd'hui, n'est abordée que sa vision de la ville historique, d'autres articles seront consacrés pour dévoiler cette  passion, cette sensibilité et cet intérêt à révéler l'âme de ses modèles.
-L'artiste peignant sur le vif-


Alors, quel est le rapport entre cet artiste et Rouen ?

Le but de cet article est de montrer le peintre face à l'Histoire de la cité, puisque celle-ci est le sujet de ce blog.

C'est le réel qui touche avant tout sa sensibilité, trouvant son inspiration dans ce qu'il voit et non dans ce qu'il imagine. 

Telle fut la ville de "Rouen dévastée" par les bombardements de 1940 par les Allemands et de 1944 par les Alliés dont il fut témoin angoissé dans son enfance.



-La cathédrale parmi les ruines-

La cathédrale, encore debout au milieu des ruines sur fond d'incendie le frappa tellement, qu'il éprouva le besoin d'en fixer plus tard cette image terrible qui reste d'ailleurs dans sa collection privée. 




JEANNE D'ARC

-Allégorie de Jeanne d'Arc-

Il participa à une exposition organisée à l'hôtel de ville de Rouen en 2016 par la regrettée Danny Vignal, une artiste influente reconnue des autorités et du public,  sur le thème imposé de Jeanne d'arc.

Ce n'est pas facile de sortir des sentiers battus et des clichés populaires pour évoquer cette figure emblématique, historique, symbolique, patriotique de la plus célèbre personnalité de l'histoire rouennaise. 

Ce fut une recherche passionnante dans laquelle il se lança et sa composition finale fut la meilleure de cette exposition réunissant de très bons artistes. 


Tout y est : la force de l'occupation anglaise, le supplice, l'espérance, la transcendance mais aussi l'équilibre savant d'une mise en page très symbolique avec l'oriflamme de Jeanne d'Arc, le bûché évoqué d'une façon très moderne, la silhouette dramatique de la jeune fille, à l'arrière-fond la cathédrale et en bas à droite l'église contemporaine de la place du Vieux Marché.


Jeanne d'Arc y est célébrée humainement et spirituellement : 

"Ô Jeanne sans sépulcre et sans portrait, toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants..." (André Malraux)

C'est une oeuvre majeure d'André le Noir qui mériterait une bonne place dans un musée de Rouen.



LA CATHÉDRALE

-Cathédrale aux colombes : "La sublime et l'oiseau"-

Très subtile est cette grande aquarelle réalisée à l'occasion de l'exposition "Passion cathédrale" en septembre 2014 à Rouen toujours sous l'impulsion de Danny Vignal, dans le cadre des journées du patrimoine.  

45 bons peintres y participèrent et André Le Noir releva le défi avec brio.

La cathédrale de Rouen est une des plus belles de France et présente la caractéristique de nous restituer toute l'évolution du style ogival depuis sa sobriété du gothique primitif jusqu'à son exubérance du gothique flamboyant.


André Le Noir nous présente son excellente interprétation avec le soleil levant, l'envol des colombes blanches, la transparence des clochetons, les minuscules personnages devant les portes.

On sent la rigueur de l'architecte et l'âme de l'artiste dans cette magnifique transcendance d'une spiritualité discrète, personnelle, alliant la beauté émerveillée au génie des constructeurs des cathédrales. 


Et comment ne pas rappeler les "confidences" émouvantes de Danny Vignal :



" Lorsque je te dessine, je peux alors te voir...
Je t'embrasse d'un seul regard...
Puissant vaisseau de ma Ville...
Lorsque je te peins, je te découvre dans ma féminité...
Lorsqu'enfin je te rêve, alors viennent à moi...
Rollon, Richard, Guillaume...Jeanne...
L'histoire de ma cité...
Les images courent dans l'illusion sur ta face...
Ma vision n'est plus que rêve dans un rêve...
A jamais envoûtée...
Passion Cathédrale..."


L'AÎTRE SAINT-MACLOU

-Aître Saint-Maclou, le cimetière des pestiférés à Rouen-

André Le Noir fit ses études à l'école d'architecture de Rouen, à l'époque où elle était située dans l'Aître Saint-Maclou. 

C'est dire s'il est sensible à la mystérieuse beauté de cet endroit unique en Europe.
  


En effet, la peste noire, entre le XIV° et XVII° siècle, fut ramenée des hauts plateaux d'Asie centrale par les commerçants et les marins débarquant leurs marchandises sur les quais du port, notamment la soie. C'est ainsi que commença l'invasion "du rat noir" dont les puces furent le vecteur du fléau à partir de 1348.


-La peste noir-

Les échevins de Rouen, effrayés et impuissants, firent construire, en 1527, cet enclos pour y enterrer, recouvert de chaux vive les corps des pestiférés. 80% de la population de la paroisse de Saint-Maclou, la plus peuplée de Rouen, périt.

On crut a une terrible malédiction divine et se développèrent toutes sortes de pratiques superstitieuses pour écarter le Diable. Les médecins, courageux qui restèrent à Rouen se protégeaient dérisoirement comme ils le pouvaient, pratiquement tous succombèrent.


-Tenue des médecins en Europe à l'époque de la Peste-

Il faut savoir que le bacille pesteux ne fut découvert qu'en 1894 à Hong-Kong par le bactériologiste Alexandre Yersin. On imagine donc combien était incompréhensible, mystérieuse, imprévisible cette peste noire, "fléau de Dieu".

L'Aître Saint-Maclou, malgré sa singulière et macabre beauté, témoigne de la plus effroyable page de l'histoire de Rouen.

L' HÔTEL DE BOURGTHEROULDE

-Hôtel de Bourgtheroulde : la Renaissance à Rouen-

La première Renaissance est bien représentée à Rouen avec cet Hôtel particulier construit par Guillaume II, riche et puissant seigneur de Bourgtheroulde, conseiller au Parlement de Rouen en 1499, sous le règne du roi Henri II et de l'influence de son ministre le plus proche, le cardinal Georges 1er d'Amboise, revenant de la campagne militaire victorieuse en Italie.


C'est le premier hôtel particulier entièrement construit en pierre de carrière du Val de Seine dans la cité. 

Aujourd'hui reconverti en hôtel de grand luxe, ce bâtiment retrouve tout son prestige et Andre Le Noir ne s'y trompe pas car il témoigne d'un événement majeur de l'Histoire de France. 

Les fameux bas-reliefs représentent le "Triomphe de Pétraque" et la rencontre historique du "Camp du Drap d'Or" entre Henry VIII, roi d'Angleterre, et François 1er en 1520. 

Guillaume II, Seigneur de Bourgtheroulde, participa à cette entrevue qui aboutit à un accord de paix qui profita grandement au commerce entre le port de Rouen et l'Angleterre. 

LE PALAIS DE JUSTICE

-Palais de Justice : le Parlement de Normandie-

Construit à l'emplacement de l'ancien "Clos aux juifs" détruit par Philippe Le Bel au XIV° siècle, ce palais mélangeant le Gothique flamboyant au style Renaissance, fut d'abord le  siège de l'Echiquetier de Normandie, siège de la vie politique et économique de la province,  sous Louis XII.

Puis, devint le Parlement de Normandie sous François 1er. 

Le roi Charles IX y fut proclamé majeur en 1563 en présence de Catherine de Médicis. 

Peindre à l'aquarelle le Palais de Justice n'est pas une mince affaire, il faut choisir son heure pour jouer avec les zones de lumières et d'ombres, rendre toute la finesse des sculptures et André Le Noir nous renvoie à sa fonction en représentant les avocats dans la cour d'honneur. 






LA RUE DU GROS-HORLOGE

-Rue du Gros-Horloge-

La rue du Gros-Horloge est incontournable pour les peintres figuratifs. 

C'est l'axe le plus vivant de la vieille ville commerçante et l'atmosphère qui y règne est un enchantement de lumières, de couleurs, d'animations particulièrement bien rendues par l'artiste...

Tous les éléments pourtant disparates de cette rue forment un ensemble très harmonieux qu'André Le Noir  transpose d'une façon très vivante.

-Le Gros-Horloge : étude au pastel-

L' EGLISE SAINT-MACLOU


-Ombres et lumières : église Saint-Maclou-

La pierre nous parle tout comme l'architecte.

L'Histoire est au rendez-vous ; c'est période charnière au XV° siècle entre le Gothique flamboyant finissant et la Renaissance ramenée d'Italie à Rouen par le Cardinal Georges 1er d'Amboise. 

L'église de Saint-Maclou est fascinante. 


André Le Noir nous en restitue une part de son mystère. 



LA RIGUEUR


André Le Noir apporte à l'art figuratif une force de caractère naturelle très structurée. 

L'architecte qu'il fut n'est jamais loin : il respecte avant tout ses sujets. 

Avec la sûreté de son coup de crayon, la fluidité de ses couleurs se déclinant dans tous les contrastes, il filtre le mystère du réel qu'il réinterprète avec fidélité.

Ce lavis nous montre la rigueur et la maîtrise de ses dessins.  

-Détail de l'abbatiale Saint-Ouen : lavis-

Né à Paris, c'est à l'école des Beaux Arts de Rouen qu'il fit ses études d'architecture de 1953 à 1959. 

Cette formation rigoureuse lui permit d'acquérir une technique impeccable au niveau de la perspective et de la mise en page d'un dessin. 

L'histoire de l'Art lui donna une solide assise culturelle qui lui permet de décoder les ruptures, les évolutions, les révolutions successives dans la création picturale.

Tout en finesse, sa sensibilité s'exprime dans des compositions toujours élégantes et sensuelles. 

C'est ainsi que ses aquarelles sur Rouen transposent une réalité expressive ressentie.

LA SEINE

 

Le fleuve est une source d'inspiration majeure pour les artistes normands.


-Croquis pour l'Armada de Rouen-

-Le port de Rouen-


-L'Etoile du Roy à Rouen pour l'Armada-


-La Seine en 1977-
-Esquisse de l'Armada à Rouen-
-Esquisse du port de Rouen-



BALADE DANS LES RUES


Les maisons à pans de bois de Rouen donnent un caractère médiéval aux vieilles rues qu'André Le Noir saisit avec justesse.


-La rue Saint-Vivien-

-La rue Eau de Robec-


L'activité de la rue Eau de Robec, telle que le montre cette aquarelle avec le dernier étage débordant , était toute entière consacrée à la teinture du fameux drap de Rouen exporté dans le monde entier via le port maritime. 


-La Rue Malpalu-

La rue Malpalu fut construite sur un sol marécageux du bas bas Robec qui la rendait insalubre d'où son nom dérivé de "mauvais marais". 

Son humidité la rendit particulièrement vulnérable lors des épidémies de la peste noire.

-Les vidangeurs-éboueurs vers 1920 d'après une photo du "Journal de Rouen"-

L'ATELIER


-Dans son atelier à Saint-Maurice (Malaunay) Photo de Martin Flaux-

PRESENT ET FUTUR


-André Le Noir recevant un premier prix de la Ville au salon de Oissel en 2018-




-Christian Guichard, président de YACAC d'Yvetôt et le peintre-


Ce portrait d'une qualité exceptionnelle est retenue pour le "Salon du dessin et de la peinture à l'au" du Grand-Palais de Paris du 13 au 17 février 2019.

Les portraits et les paysages d'André Le Noir seront au centre d'un autre article sur mon blog : www.aquarelles-et-pastels.blogspot.com

(23 janvier 2019)



MUSEE DES BEAUX ARTS




Je ne prétends que de vous livrer mon ressenti et mon émotion devant certaines oeuvres que j'ai de multiples fois contemplées.

En effet, mes parents m'ont autorisé à visiter les musées de Rouen dès l'âge de 14 ans.

J'ai donc découvert la peinture dans le musée des Beaux Arts de Rouen dès 1956 et j'en fus bouleversé.

Vous présenter les oeuvres qui me marquèrent m'est facile car je n'ai rien perdu de cette curiosité qui m'a structuré passionnément.

Partons donc pour une visite du Musée des Beaux Arts de Rouen avec seulement pour guide mes émotions. Ne cherchez pas une chronologie progressive dans ces oeuvres que je désire vous commenter à ma façon, sans autre finalité que de vous faire partager mon plaisir à suivre le labyrinthe des salles de ce musée dont beaucoup de collections viennent des saisies de la Révolution.

-Musée des Beaux Arts (Rouen)-

Je me souviens, malgré mon âge mûr, des fulgurantes émotions de l'adolescent que j'étais dans les années 50. C'est à la recherche de ce temps qui n'est pas perdu que je vous invite. Pas perdu, car les chefs-d'oeuvre ne sont pas des petites madeleines dont on retrouve le goût nostalgiquement. Ils sont et demeurent la structure d'une culture toujours vivante puisque j'ai le privilège de pouvoir vous les montrer.
Bien sûr, à soixante seize ans, la mise par écrit de ces moments forts est aussi le fruit d'une maturité. Il ne faut pas esquiver le poids des ans car ce serait une escroquerie intellectuelle. Donc ce musée est "ma petite madeleine" du temps présent.
RIGOLETTE (1844)
Joseph-Désiré Court (1796-1865)

En 1956-57, j'ai ressenti ma première grande émotion picturale devant "Rigolette cherchant à se distraire pendant l'absence de Germain", portrait réalisé par Joseph-Désiré Court.

-Rigolette (Rouen)-

Oh bien sûr, il faut avouer qu'issu d'une famille bourgeoise et catholique très attachée aux valeurs éducatives traditionnelles, les pulsions sexuelles de l'adolescent que j'étais devaient être pudiquement repoussées dans le non-dit des tabous impossibles à verbaliser. Je me souviens de la violence ambivalente de mon envie de découvrir le "mystère féminin" de pouvoir rêver extasié devant une jolie fille ou, plus rassurant, une jeune femme. Je me souviens du blocage de l'amour que je ressentais pour une adolescente et de l'impossibilité absolue de lui dire tous simplement : "je t'aime". Avec le recul c'est pourtant sans regret même si les souvenirs restent nostalgiques...

Vers cette époque, lors d'un voyage en train pour me rendre à Paris dans de la famille, une jeune femme extrêmement jolie, habillée avec simplicité mais beaucoup de goût, s'était assise en face de moi. Que d'efforts ai-je faits alors pour ne pas la contempler fixement et la gêner ! Je me souviens des petits coups d'oeil rapides que je lui jetais. Mais elle perçut mon manège et soupira. Rougissant... bien vite, j'ai changé de compartiment...

Cette rencontre furtive me renvoyait inévitablement à "Rigolette" à la seule différence que je pouvais regarder sa beauté parfaite sans fausse pudeur aux musée des Beaux Arts de Rouen. J'ai passé des heures devant le charme mystérieux et inaccessible de "Rigolette".

Pourtant tout respire le calme, la nostalgie et la gravité chez cette jeune femme au beau visage ovale, candide et rêveur...Avec sa taille de guêpe, on devine son corps parfait. 
Rien n'est impudique : sa coiffure est régulière, sa robe simple, ses mains occupées à coudre. Sa rêverie me renvoyait à mes fantasmes secrets. C'est devant "Rigolette" que je décidais de me destiner à la peinture et la sculpture...

Chaque fois que je passe devant ce tableau, je peux maintenant l'interpréter avec le pot de fleurs, des héliotropes, symbolisant l'infidélité, les deux oiseaux dans leur cage évoquant des amoureux. L'angoisse est ressentie avec la sinistre Conciergerie représentée à l'arrière plan. 


J'ai appris bien plus tard que cette jeune femme, personnage des "Mystères de Paris", roman d'Eugène Sue(1804-1857), était devenue la figure symbolique du mélodrame sentimental avec l'édition du premier roman-feuilleton connaissant un immense succès populaire entre 1842 et 1844.


Joseph-Aimé Court s'est spécialisé dans le portrait et les scènes classiques et historiques. 

"Rigolette" fut choisie à tort pour illustrer la couverture d'une édition de "Madame Bovary". 
Flaubert se serait plutôt inspiré de celui de Delphine Delemare pour le personnage d'Emma Bovary. Mais c'est probablement faux.
Le musée de Rouen possède ces deux portraits. 


Cathédrale de Rouen par temps gris (1894)
Claude Monet (1840-1926)


-Cathédrale (Rouen)-

Subjugué par Claude Monet et la collection "Impressionniste" du musée de Rouen, ce portail de la cathédrale fut la deuxième source d'émerveillement du jeune adolescent que j'étais. J'ai immédiatement compris que la peinture devient de l'art quand elle réinterprète la réalité. Pour Monet ce n'est pas la cathédrale en soit qui prime, c'est sa toile et la transposition de son ressenti de la lumière et des ombres. Ce chef-d'oeuvre se suffit à lui-même.

Avide de ressentir le frisson du plaisir visuel, de longues heures furent consacrées à la découverte des magiciens de la lumière et des couleurs. 

Claude Monet écrit à un ami : "Plus je vais, plus je vois qu'il faut beaucoup travailler pour arriver à rendre ce que je cherche : l'instantanéité", surtout l'enveloppe, la même lumière répandue partout, et plus que jamais les choses venues d'un jet me dégoûtent".
Le peintre lui-même met le doigt sur une contradiction apparente : saisir l'immédiat d'une lumière et travailler, à la mesure d'efforts démesurés pour revenir sans cesse sur sa toile en s'imposant le défi énorme de s'attaquer au chef-d'oeuvre gothique qu'est cette cathédrale en la peignant à différentes heures. Travail harassant car 28 toiles furent réalisées entre 1892 et 1893.

Monet s'interdit à des effets de perspective avec un cadrage en gros plan. Il travaille comme un forcené de 7 heures de matin jusqu'à 18 h 30 menant 9 toiles de front.  "Crébleu, quel travail que cette cathédrale ! C'est terrible." "Mais je vois clair dans ce que je fais." 

Oui,  Monet et sa cathédrale par temps gris me bouleversa au point qu'une dizaine d'années plus tard, j'en ai réalisé une petite toile à l'huile au couteau en mai 1965. Cinquante deux ans après, je ne renie en rien ce petit format faite sans modèle, seulement de mémoire, que mes amis rattachent à tort à "L'école de Rouen". Comment un peintre amateur pourrait-il se rattacher à une école ?

Récemment, dans l'atelier de mon mentor, André Le Noir, j'ai peint trois cathédrales dont une est partie chez Rosmarie, une amie allemande, une autre chez ma soeur Elisabeth et enfin la dernière trône fièrement dans notre salle à manger.

Cheval libre arrêté par des esclaves (1817)
Théodor Géricault (1791-1824)

-Cheval Libre (Rouen)-

Théodor Géricault, peintre né à Rouen, est lui aussi bien représenté au musée des Beaux Arts de Rouen qui possède treize de ses oeuvres. 

Ce tableau réalisé en 1817 est un chef-d'oeuvre qui m'émut au plus profond de mon âme d'adolescent. Je peux encore fermer les yeux et le voir même dans des détails grâce à sa mise en place avec les diagonales, permettant à la synergie des corps de dégager une force formidable et l'impétuosité de l'action. 
L'effort des forces musculaires maîtrisé est traduit d'une façon géniale, dégageant une sensualité qui me fit frémir. 

Bien plus tard, le décodage du thème romantique du libre et ardent coursier entravé par des esclaves (des sous hommes) me permit de mieux comprendre ce peintre, ce lithographe et ce sculpteur de génie. 
Oui, disons-le, tout génie créateur ne peut pas être prisonnier des modes, des préjugés d'une société fixée dans son époque. 
Le cheval exprime cette soif de liberté. Dompté, apprivoisé par l'homme, il n'en demeure pas moins noble.
 C'est mon interprétation personnelle d'un ressenti devant ce chef-d'oeuvre.


Exécution publique de conspirateurs 
à Londres (1820)
Théodor Géricault

-Exécution (Rouen)-

Il y a aussi chez Géricault un côté morbide qui ne laissa pas indifférent l'adolescent confronté à l'angoisse de la mort et de l'interrogation identitaire bien sûr alors sans réponse.

Un lavis de sépia et crayon me fascina particulièrement tant l'expression du condamné est saisissante de réalisme et d'audace instinctive.
Le pasteur anglican qui bénit l'homme au regard halluciné et paradoxalement intériorisé, dans sa fonction sacerdotale nous met face au moment de vérité qui nous attend tous.

Regarder la mort en face est pour moi la recherche intense du plaisir de vivre, d'agir et de me projeter dans l'avenir. Ce condamné exprime paradoxalement l'intensité de la vie...


Il faut aussi dire qu'à cette époque nous étions les voisins de sept jeunes éprouvée par la mort accidentelle de leur père. Ce drame familial bouleversa profondément mes frères et soeurs et des liens se tissèrent à travers les jeux, les confidences et mêmes des premiers amours platoniques entre nos deux familles. La réalité de la mort d'un père d'une famille nombreuse nous interpella profondément en nous mettant face aux questions : pourquoi la vie et pourquoi la mort ? Pourquoi cette atroce et injuste loterie ? Ces questions déterminèrent sans doute de notre orientation professionnelle pour mon ami Louis et moi-même pour donner du sens à notre vie sociale.


Hé oui ! Géricaul habite depuis ce temps mon âme.


Boxeurs(1818)
Théodor Géricault

-Boxe (Rouen)

Cette lithographie  est saisissante par le jeu des contrastes et la vigueur des deux combattants avec sans doute les parieurs esquissés à l'arrière plan. 
Je ne me souviens pas si elle est exposée en permanence mais elle m'avait particulièrement frappée lors de l'exposition entre novembre 1981 et février 1982 organisée par le musée des Beaux-Arts de Rouen, car Géricault  a réalisé ce dessin  à l'encre de chine et au crayon donnant toute sa force à la scène. 
J'aime particulièrement  l'opposition du noir et du blanc dans l'oeuvre romantique du peintre-dessinateur. Géricault fut un grand graveur dont j'admire la facture. Il témoigne avec une force extraordinaire de son temps et de la civilisation du Cheval dans la société du XIX° siècle.



Portrait d' André Gide (1912)
Jacques-Emile Blanche (1861-1942)

Portrait d'un salaud !

-André Gide (Rouen)-

Jacques-Émile Blanche ( 1861-1942) est un grand peintre qui réalisa le portrait de multiples personnalités de son temps (entre 1890 et 1930) avant même que le public ne les découvre ( Raymond Radiguez, Jean Cocteau, Arthur Honegger, Francis Poulenc entre-autres...)

Ce portraitiste intuitif est génial car l'âme du modèle nous parle. 

Si j'ai choisi aujourd'hui André Gide, que j'ai lu à la fin de mon adolescence, c'est à cause de à sa pose abandonnée, révélatrice de sa personnalité. 
J'ai admiré son style en lisant beaucoup de ses oeuvres jusqu'au jour où j'ai découvert sa perversité entre les lignes. 

A présent Gide serait condamné à une lourde peine de prison car il fut un pédophile récidiviste sans aucun scrupule. Son égocentrisme est effrayant car il n'a pas l'ombre de conscience de la personnalité de ses victimes, des jeunes adolescents.

Bien sûr, je m'arrête toujours devant ce portrait quand je guide un de mes invités dans ce musée. Je lui demande d'abord ce qu'il éprouve sans me dévoiler. 
Les réactions sont ambivalentes car il y a ce regard de Gide, attentif qui semble comprendre nos sensations et nos émotions. Puis un certain trouble s'installe et là, je dis ce que je sais.


Le peintre a su percer la personnalité ambiguë de son modèle. Généralement, je sorts une petite fiche sur laquelle j'ai copié un petit passage de l'auteur et qui confirme ma détestation de ses crimes contre l'enfance.en livrant un simple passage  démoniaque quand il publie en 1924 : "Si le grain ne meurt". Il y décrit sa rencontre avec un tout jeune arabe : Ali.
" Saisissant la main qu'il me tendais; je le fis rouler à terre. Son rire aussitôt reparut. Il ne s'impatienta pas longtemps aux noeuds compliqués des lacets qui lui tenait lieu de ceinture ; sortant de sa poche un petit poignard, il en trancha d'un coup l'embrouillement. Le vêtement tomba ; il rejeta au loin sa veste, et se dressa nu comme un dieu. Un instant il tendit vers le ciel ses bras grêles, puis riant, se laissa tomber contre moi. Son corps était peut-être brûlant, mais parut à mes mains aussi rafraîchissant que l'ombre. Que le sable était beau ! Dans la splendeur adorable du soir, de quels rayons se vêtait ma joie !" 

Quel style ! Pourtant Gide est banni de ma bibliothèque et j'ai du mal à comprendre comment des enseignants de littérature peuvent conseiller cet auteur à leurs élèves. 

L'homosexualité entre adultes, ça les regardent ! Et j'ai appris à ne plus la juger, mais la pédophilie est un crime démoniaque qui détruit l'enfant qui en est la victime et c'est impardonnable.


Je le dis car j'ai exercé une profession psycho-pédagogique durant une vingtaine d'années auprès de fillettes et jeunes filles dont 75% étaient des victimes de violences sexuelles dont souvent les auteurs étaient des parents. J'ai accompagné, avec mes collègues, toute cette souffrance qui marque à jamais une personnalité. Qui fausse profondément la personnalité et qui trouble les comportements. C'est une horreur à hurler ! Souvent, ces fillettes piquaient des colères violentes et incontrôlables, sans raison apparente, en se roulant par terre. C'était souvent leur façon viscérale d'exprimer un traumatisme qu'elles ne pouvaient pas verbaliser. Mise en confiance par une éducatrice, elles arrivaient à lui confier ce qu'elles avaient vécu en perçant l'abcès mais restaient submergées par la culpabilité. L'abject révélé donnait lieu à un signalement à la justice qui déclenchait une enquête et des poursuites si les faits étaient démontrés.


Pas de pitié pour les pédophiles qui sont parfois capables de tuer physiquement leurs victimes mais qui à tout coup les font mourir psychologiquement à petit feu. C'est une perversité insupportable dans notre société ! Il faut savoir qu'un enfant sur dix est victime d'agressions sexuelles dans tous les milieux de notre société. Plus la position sociale de la famille est élevée, plus l'enfant est contrôlé par le pervers et moins le scandale risque d'être révélé et jugé durant la jeunesse de la victime. Devenues adultes, certaines témoignent, dénoncent, écrivent : je les admire.


Le portrait d'André Gide est l'occasion de dire haut et fort ce que je pense de ce drame.




La belle Zélie ( 1806)
Jean-Auguste-Dominique Ingres (1789-1867)
-La belle Zélie (Rouen)

Ce portrait de Madame Aymon, , dite "la belle Zélie" peint en 1806 par Jean-Auguste Ingres (1789-1867) m'a toujours fasciné, pour les mêmes raisons que celui de "Rigolette". 

Zélie me rappelle étrangement la jeune femme entrevue dans le compartiment du train Rouen-Paris avec la même élégance et la même sensualité, mais aussi peut-être la même froideur ?

Ce genre de beauté me faisait craquer virtuellement et nourrissait ma recherche incessante de l'inaccessible et fantasmatique "Femme".

Pourtant Ingres, dessine d'une façon très stricte et très classique. 

Il ne cherche pas à percer la psychologie de madame Aymon mais à rendre en jouant sur les courbes un "camée" dont la perfection de l'ovale  du visage souligne la plénitude classique de son modèle qui se détache, originalité de l'artiste, sur lumière du ciel. Les couleurs sont sobres, le dessin est précis et équilibré exécuté tout en courbes et contre-courbes. Les couleurs mettent en valeur les voluptueuses formes de la belle Zélie  C'est du grand art et un régal pour le bonhomme que je suis !

On dit que Ingres est davantage un dessinateur qu'un peintre. Peu importe !
 La belle Zélie est une oeuvre majeure du musée de Rouen. 

Fasciné par le mystère de la Femme, ce tableau renforça ma détermination à devenir un artiste. Je n'étais qu'un adolescent que les parents laissaient libre de visiter les musées, fiers que leur fils se cultive,  mais bien sûr, ils ignoraient totalement le secret de mes motivations que je livre qu'aujourd'hui, soixante deux ans après. 


Démocrite (entre 1630 et 1640)
Ou "Homme à la mappemonde"
Diego Vélazquez ( 1599-1660)

-L'homme à la mappemonde (Rouen)

Toute l'ironie décapante de Diego Velàzquez (1599-1660) transpire dans ce splendide chef d'oeuvre que je ne me lasse pas d'admirer. 

Le peintre choisit un bouffon de la Cour d'Espagne pour représenter Démocrite, un philosophe grec  alors en vogue dans les milieux intellectuels.
Démocrite niait l'intervention des dieux dans l'ordonnance de l'univers et allait jusqu'à  affirmer que les vrais principes des choses sont le vide et les atomes, perçus comme des particules insécables et éternelles dont les propriétés, une fois assemblées deviennent les formes et les mouvements. Cette pensée de l'Antiquité est étonnante de modernité.

Le peintre quant-à lui n'est pas du tout sur ce registre.
Il se moque de la science et de la connaissance. Son modèle, un bon vivant amusant et farceur, a une expression goguenarde et truculente et abaisse la main pour désigner la mappemonde et les livres symbolisant la fatuité des hommes qui se targuent avec suffisance de leurs connaissances.

Velàzquez s'écarte des portraits de complaisance conventionnels, il a le souci de la vérité humaine en mettant l'accent  sur les rapports psychologiques entre son tableau et ceux qui le contemplent...

C'est sans doute la liberté de sa technique picturale et son ironie, sa dérision mordante,  qui me touchent le plus. 

Dans ma jeunesse, j'avais demandé au conservateur du musée de pouvoir copier ce tableau que j'avais réalisé à l'huile dans un format plus petit bien sûr. Je me souviens de la complexité pour copier l'admirable col de dentelles. 
Je ne sais pas du tout ce qu'est devenue ma toile, mais elle me détermina à suivre les cours du soir de l'école des Beaux Arts de Rouen dans un lieu unique et emblématique de Rouen : l'Aître Saint-Maclou qui vaut à lui seul la visite de la vieille ville.
Je me suis donc inscrits aux cours de dessin au fusain et de modelage puisque je voulais devenir sculpteur.
La peinture ça s'apprend difficilement en travaillant d'arrache-pied avec des professeurs, en copiant les oeuvres des grands maîtres du passé, en cherchant à comprendre leurs techniques, leurs cultures, leur sensibilité et leur confrontation face à une société souvent hostile à leur expression. 


Rue Saint-Denis : fête du 30 juin 1878
Claude Monet(1840-1926)

-Rue Saint Denis (Rouen)

Claude Monet peint ce tableau étonnant de la première "Fête Nationale" après la défaite de Napoléon III en 1870. 

L'exposition Universelle de 1878 fut un succès et on sent dans ce tableau toute la force de la joie populaire libérée de l'occupation prussienne avec la vue plongeante sur la foule et le mouvement des centaines de drapeaux tricolores sous l'effet du vent.

Observez bien le tableau sous les hampes des deux drapeaux en diagonale dans le tiers supérieur à gauche : "VIVE LA FRANCE" et sur le drapeau à droite : "VIVE LA REP..." (République). 

Devant ce tableau nous pourrions entendre la liesse populaire et les chants patriotiques. 

Monet traite ses touches d'une façon très originale avec les verticales et les virgules. Il en ressort une force allégorique qui nous atteint au niveau de notre identité nationale.

J'ai bien envie de m'inspirer cette géniale composition impressionniste prochainement car je suis fier d'être Français, libre et responsable de penser et d'agir dans un état laïc me donnant le droit de croire tout en respectant la Loi. 
On ne se rend pas assez compte en France de notre chance alors que tant de peuples vivent sous les contraintes idéologiques, religieuses, économiques ou policières.

Si la Fête nationale française a lieu le 14 juillet, ce n'est pas la "Prise de la Bastille" en juillet 1789 qui est commémorée mais la "Fête de la Fédération" du 14 juillet 1790 à l'initiative de la Fayette pour célébrer "les fédérés des gardes nationales de France". Ce fut un événement de réconciliation et d'unité des Français.

Claude Monet témoigne d'une manière singulière du centième anniversaire de cet événement majeur de notre Histoire.


Crucifix nu (1500)
école Florentine
-Christ nu (Rouen)-


Ce Crucifix d'oratoire florentin datant des années 1500 est une petite sculpture en bois recouvert d'apprêt, c'est aussi une oeuvre anonyme inspirée par Michel Ange.

  • Pourquoi je trouve donc particulièrement intéressant de commenter cette pièce ?
  • Tout simplement parce que le Christ est complètement nu !
  • Pourquoi l'est-il ?

Il faut se transposer au temps de la Renaissance italienne et aux bouleversements culturels qu'elle impliqua.

La nudité du Christ a pour origine un vif débat entres les humanistes et les ultra-conservateurs sur la double nature humaine et divine de Jésus Christ. Tous les théologiens sont d'accords : le Christ a une âme parfaite donc son corps l'est aussi.

La Renaissance retrouvant les racines de l'art antique Grec et Romain, cultive la représentation du corps athlétique nu des héros. L'Antiquité fait sauter le verrou du tabou de la nudité à la Renaissance. 
Le corps athlétique du Christ exprime donc sa beauté parfaite en symbiose avec son âme divine et cette beauté s'oppose à la représentation gothique du Christ souffrant sur la Croix.

Possédant une solide culture biblique et théologique qui me permit de vulgariser les fondements de notre civilisation judéo-chrétienne pendant 25 ans à raison de 9 cours annuels de 2 heures dans 9 paroisses, j'ai évidemment été interpellé par ce Crucifix singulier et j'en ai souvent parlé à mes élèves qui ouvraient des yeux ronds d'étonnement. 

La nudité est ambivalente dans la Bible. Elle symbolise par exemple l'innocence primordiale d'Adam et Eve dans le livre de la Genèse. Puis de leur honte quand ils voulurent s'affranchir de l'autorité de Dieu. 
Cette ambiguïté de la nudité fut évidemment entretenue par la notion d'impureté, de faute, d'infidélité par les autorités religieuses insistant sur le "Pêché originel". 
(Le pêché d'impureté et de pensée m'empoisonna pendant toute ma jeunesse avec mes fantasmes sur la femme !)

A la Renaissance, une profonde remise en cause se transforme en polémique sur la pureté des saints et saintes et du Christ. La nudité du Christ est celle de l'innocence. Dommage que je n'ai découvert ce concept que devenu adulte !

Mais, je ne suis pas naïf ! Les artistes italiens de la Renaissance se sont accaparés les drames de l'histoire des saints et de leur martyre pour dessiner et peindre des nus avec la bénédiction de leurs mécènes qui étaient souvent des religieux de hauts rangs. L'Église n'est pas à un paradoxe près !

Il y en va de même pour la représentation des nus féminins : l'Antiquité et la Religion permirent aux artistes de braver les interdits.


La Vierge entre les vierges ( 1523)
 Gérard David (1460-1523)

-La vierge entre les vierges (Rouen)-

Tout d'abord  à gauche l'autoportrait réalisé par l'artiste et à droite celui de son épouse Cornelia sont intéressants car ils révèlent qu'à la Renaissance, la peur de la mort devient une réalité pour les hommes et leur portrait les immortalise en quelque sorte en conjurant cette panique de la conscience que toute vie dès sa naissance est programmée pour mourir.
Tous ces personnages sont donc au paradis et accèdent à la vie éternelle, celle de la paix et de la plénitude soulignées par la symétrie des personnages (Les instruments de leur supplice sont aussi représentés : roue, pinces, écharpe...) Les deux anges musiciens signifient clairement que le Paradis nous attend... Tous les personnages semblent avoir le même âge car c'est à 33 ans que le Christ est mort et qu'il fut ressuscité par Dieu. Les gisants des tombeaux des rois et reines les présentent très souvent les yeux ouverts à 33 ans, symbole de la résurrection promise.

C'est l'aspect "portrait" qui m'a le plus accroché dans cette grande composition qui est à l'époque révolutionnaire puisque l'on s'écarte de l'art de la miniature. Gérard David garde des fondements de son maître flamand, Memling, avec sa composition gothique, mais il est aussi celui qui ose la grandeur sur un panneau de bois de 1,18 X 2,12 m .

Cette oeuvre souligne d'une façon singulière que Jésus est Fils de Dieu mais aussi Fils d'une femme. Son humanité et sa divinité sont affirmées avec force par Gérard David et la Madone, Mère de l'Église, est ce trait d'union entre le Fils de Dieu et le fils des hommes à travers cette femme bien charnelle et humaine.

Bien sûr devenu adulte, j'ai mieux compris ce joyau et mon admiration picturale et culturelle ne fait que grandir chaque fois que je le commente à ceux qui m'accompagnent dans la découverte de ce musée.


Sébastien soigné par Irêne 
Georges de La Tour (1593-1652)
-Sébastien soigné par Irène (Rouen)-

Georges de La Tour eut une vie bien mouvementé, due à la Guerre de trente ans, et pourtant quelle sérénité dans son art, quelle composition, quelle netteté, quelle lumière et quelle intériorité !

Ce tableau m'est allé droit au coeur et à mes yeux, il vaut à lui seul la visite du musée de Rouen. Cinquante ans d'émerveillement contemplatif devant ce joyau de l'art se justifie.
Georges de La Tour fut oublié après sa mort due à une épidémie qui emporta son épouse et son valet, ses oeuvres furent dispersées et attribuées à d'autres peintres. Il ne fut redécouvert qu'en 1915 par un spécialiste allemand et peu à peu on lui restitua la paternité de ses chefs-d'oeuvres.

Regardez, chers amis lecteurs, le cadrage intimiste de ce tableau la lumière éclaire le visage d'Irène. C'est vers elle que notre regard se porte. Avec douceur, elle va retirer la flèche de la cuisse de Saint Sébastien qui semble participer aux soins. 

Georges de La Tour met d'abord en scène Irène et ensuite nous découvrons dans l'ombre deux personnages et notre oeil se porte enfin sur le corps de Sébastien blessé en contre jour. 

Cette "mise en page" est extraordinairement moderne (beaucoup d'image publicitaires sont organisées comme cela).
Ce joyau invite à une méditation douce et paisible.


Les énervés de Jumièges (1880)
Evariste Vital Luminais 1822-1896)

-Les énervés de Jumièges (Rouen)-

Je ne sais pas si ce grand tableau est un chef-d'oeuvre mais il fut le point de départ pour mes lectures sur l'histoire de la Normandie. 
Luminais fut un visionnaire et si sa peinture peut s'inscrire  dans la tradition officielle de l'École nationale des Beaux-Arts combattue par les "impressionnistes", je ne suis pas insensible à cette aspect de la peinture et le musée de Rouen possède des oeuvres remarquables de la peinture dite de salon.
Simone de Beauvoir, qui fut professeur à Rouen, raconte sa découverte de ce tableau dans "La force de l'âge" :
" Je tombais en arrêt devant j'avais vu, enfant, une reproduction sur la couverture du "Petit Français illustré" et qui m'avait fait grande impression : "Les énervés de Jumièges". J'avais été troublée par le paradoxe du mot énervé, pris d'ailleurs dans un sens impropre puisqu'on avait en fait tranché les tendons des deux moribonds. Ils gisaient côte à côte sur une barque plate, leur inertie imitant la béatitude alors que, torturés par la soif et la faim, ils glissaient au fil de l'eau vers une fin affreuse. Peu m'importait que la peinture fut détestable, je suis restée longtemps sensible à la calme horreur qu'elle provoquait."

La légende des deux princes expiant leur révolte contre leur père dérivant jusqu'à l'abbaye de Jumièges se situerait à l'époque de Filibert vers 660. Clovis II en pèlerinage en Terre Sainte apprenant la trahison de ses fils rentre précipitamment en France où ses fils lui opposent une armée en vain. Il juge donc les félons mais son épouse et la mère a une idée : "Je juge que doivent être affaiblies la force et la puissance de leur corps, puisqu'ils ont osé les employer contre le roi leur père.

Cette histoire est une pure légende du XII° siècle écrite au moment des croisades. On rédigea en brodant la vie de sainte Bathilde car Clovis II ne fit jamais de pèlerinage à Jérusalem, il mourut trop tôt pour que ses fils encore enfants prennent le pouvoir. Ses trois fils : Clotaire, Childerc et Thierry se sont succédés sur le trône et ne furent ni moines ni énervés. 
Cela n"empêcha pas à un père-abbé de l'abbaye de Jumièges de faire graver sur une tombe : 
"Ici en l'honneur de Dieu repose la souche de Clovis
Race belliqueuse et qui fit la guerre
Sur le désir de Bathilde ils se repentirent
et pour leur leur propre crime 
et pour le mal causé à leur père"

En clair, c'est ce qui s'appelle un faux et usage de faux !




La Flagellation du Christ à la Colonne (1607)
Michelangelo Merisi Caravage (1773-1610)


-La flagellation du Christ (Rouen)


Cet artiste eut une vie mouvementé, faites de mauvaises rencontres, et fut peut-être assassiné sur une plage à Porto Ercole en 1610 ?

Caravage inaugure une technique tout-à-fait nouvelle en recherchant, en opposition au maniérisme alors en vogue, la vérité avant tout. Ce n'est pas une oeuvre allégorique et bien pensante. C'est le scandale dans toute sa violence que l'artiste dénonce. 
Avec cette lumière latérale qui éclaire comme un spot la scène par la gauche, les ombres sont tranchées et modèlent la tension des muscles et le clair-obscur dans un cadrage très rapproché, nous projettent littéralement à l'intérieur et nous fait devenir des acteurs du drame. Sommes-nous des bourreaux sadiques comme les deux acteurs de droite ou sommes-nous révoltés ou indifférents au supplice ?
C'est un pur et grand chef-d'oeuvre du clair-obscur. 
Quand je commentais la Passion dans mes cours bibliques ce tableau m'accompagnait. 


Portrait de Camille Renault (1944)
Gaston Duchamp, dit Jaques Villon (1875-1963)

-Camille Renault (Rouen)-


J'ai découvert l'art contemporain, plus tardivement, visitant toujours avec autant de passion le musée de Rouen.

Gaston Duchamp, dit  Jacques Villon (1875-1963) me marqua particulièrement avec une des facettes du cubisme figuratif. 

C'est une oeuvre très structurée et équilibrée et l'humour subtile de madame  Renault range ce portrait dans les oeuvres majeures de ce musée des Beaux Arts de Rouen. Je ne me lasse pas de l'admirer. 

J'ai copié dans quelques unes de mes compositions cette gamme chromatique et cette composition cubique. Mais bien sûr ma peinture ne fut pas appréciée, sauf par une soeur de mon épouse qui me commanda un clown réalisé avec cette technique et que j'ai récupéré à son décès, comme la trace du temps perdu... 


Toutes mes autres réalisations sont oubliées, détruites, ou poussiéreuses dans un grenier. "Il ne faut pas faire pipi plus haut que l'on peut ! "





Le Singe peintre 

Jean-Baptiste Deshays (1729-1765)


-Le singe peintre (Rouen)


Ce tableau de Jean-Baptiste Deshays acquis par le musée en 1974 me fait encore grincer les dents. 

C'est une oeuvre rude de souffrance psychologique profonde qui me touche et qui m'interpelle. 

Si cette composition très originale a pour origine une tradition flamande, le singe qui imite ses confrères permet à Jean-Baptiste Dehays de se moquer des artistes qui ne produisent que des vieilles recettes d'atelier notamment entre les années 1740 et 1750 dans les écoles de peinture de l'Académie Royale. 
Certains peintres de l'Académie se servaient d'hommes comme modèles pour leurs nus féminins, c'est Incroyable mais vrai !

Cette oeuvre dénonce donc avec ce nu d'une femme étonnement musclée et difforme cette pratique. 
Mais ce peintre ne se moquerait-il pas plus profondément de ses propres attirances?

L'homosexualité n'est-elle pas suggérée dans ce tableau ? 
A vrai dire je n'en sais rien mais ce Singe peintre ne me laisse pas indifférent car je ressens une grande ambivalence chez l'artiste. 

Je connais des homosexuels, je n'ai rien contre eux et ils le savent.
Si la loi sur "Le Mariage pour tous" de madame Toubira m'a horripilé, non pas pour l'union civile entre deux personnes du même sexe mais, à cause de la récupération par la République Française du vocabulaire religieux. Ces "politiques" qui évoquent le laïcisme comme leur religion manquent singulièrement de culture en récupérant le vocabulaire biblique auquel ils n'adhèrent pas. ! C'est une ignorance culturelle inquiétante de la part des gouvernants.
Les mairies communistes ont même institué "le baptême civil"! 
Cette méconnaissance culturelle de responsables politiques est renversante car ce mot signifie plonger dans la mort et ressusciter ! 

En clair, je me suis "uni civilement" à Annick à la mairie et nous nous sommes mariés à l'église. 
Je ne tolère donc pas que le pouvoir politique entretienne le laïcisme en  favorisant une fausse notion de la laïcité dont je me réclame par ailleurs fermement. 

Rédacteur et journaliste dans un bulletin local, "Grain de Sel", j'avais publié un petit article dénonçant le détournement du vocabulaire religieux lors du débat parlementaire  sur le mariage pour tous et plus tard un dessin accompagne d'une explication claire dénonçant cette récupération maladroite de madame Toubira et du gouvernement socialiste :  "La Laïcité est la seule garantie de pouvoir vivre ensemble en respectant les lois de la République en pensant librement.
Un état est laïc quand dans sa constitution, il ne prétend pas régenter les instances religieuses sur son territoire et que celles-ci ne prétendent pas gouverner.
Un état laïc garantit le droit d'adhérer à la religion ou non de son choix.
Il ne faut pas confondre la laïcité avec l'athéisme. Celui-ci n'est ni une religion, ni une philosophie car certains athées sont des humanistes, d'autres non : ils ont des convictions politiques différentes et sont simplement convaincus que Dieu n'existe pas.
La République française n'est donc pas athée mais bien laïque."

Cet article m'avait valu des réactions très violentes de connaissances de gauche qui m'ont comparé à un militant d'extrême droite, à un catholique intégriste et à un non-démocrate ! ? 
C'est totalement un non-sens puisque j'adhère au "Mouvement Radical, Social-Libéral", de sensibilité humaniste qui clame bien fort son engagement pour la laïcité et pour la justice sociale mais qui combat aussi la "pensée unique". "L'intolérance des tolérants existe, de même que la rage des modérés." (Victor Hugo : Les travailleurs de la mer)

Voila où me conduit le "Singe peintre" : ce sont les détours d'une pensée complexe et  sans doute tortueuse,  mais autant jouer franc-jeu sur ce site.


La femme au miroir  
Bouquet de Chrysanthèmes
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)


-La femme au miroir (Rouen)

Croyez-vous que j'aime tous les tableaux ?
Pensez vous que je sois sensible à cette rouquine au miroir ?
Eh bien non. ! Je trouve que les nus et les corps de Renoir manquent singulièrement d'ossature et de muscles et que tout est moux et flasque. 
Je n'aime pas Renoir. Je ne mettrais pas une de ses oeuvres chez moi. C'est une question de ressenti qui n'a peut-être rien de rationnel. !
Pour me racheter et vous laissez le droit de ne pas partager mes goûts j'ajoute ce bouquet de Chrysanthèmes que je déteste pas. 
De là à vous dire que je ferais mieux ! Non, je n'en suis pas capable...



-Bouquet de chrysanthèmes (Rouen)-





La Dame au balcon (1909)
Henry Ottmann (1877-1927)

-La dame au balcon (Rouen)-

Henry Ottmann  est un peintre impressionniste que j'apprécie beaucoup. Cette "Dame au Balcon " est le portrait de Madame C... , sans doute l'épouse de l'artiste. 
Le cadrage de la mise en scène est particulièrement réussi et exprime un charme fou auquel je suis particulièrement sensible.



Joueuse de cistre
César Boétius Van Everdingen (1606-1678) 

-Joueuse de cistre (Rouen)-

Voila encore un tableau que je n'aime pas du tout.
Pourquoi représenter cette musicienne les seins nus? 
C'est un non sens érotique car celui-ci doit davantage suggérer subtilement que montrer. 
Pour moi, ce n'est pas dévoiler le "mystère féminin" que d'exposer les charmes d'une jolie poitrine. Le véritable voyeur aime imaginer. Dans cette composition il n'y a aucun appel à l'imagination. Donc je n'aime pas car ça sent trop la pose figée du modèle, il n'y a rien de spontané, de vivant dans ce triste et vulgaire tableau. Même l'expression du visage respire l'ennui... Mais, ne vous croyez pas obligés de ressentir les mêmes choses que moi !

Ne me croyez pas bégueule pour autant ! la bonne littérature, tout comme la bonne peinture, est faite de chair, de sang, de rapports passionnels entre des hommes et des femmes et donc de sexualité. Mais un chef-d'oeuvre littéraire comme un bon tableau doit évoquer plus que montrer, permettre au lecteur de devenir un acteur du roman, tout comme l'admirateur doit ressentir une émotion devant un beau nu. La vulgarité ne peut prétendre à cette relation fusionnelle.



Portrait de M. Deschamp, père (1913)
Jacques Villon (1875-1963)

-M. Deschamp père (Rouen)-

Je suis admiratif devant ce tableau cubiste et impressionniste. Quel équilibre ! Quelle gamme chromatique ! Gaston Duchamp dit Jacques Villon réalise le portrait de son père en 1913, à la veille de la Première guerre mondiale.
C'est fasciné que j'ai découvert ce portrait en 1969, en faisant visiter le musée à ma future épouse. Je ne me lasse pas de le contempler depuis lors. J'aimerai peindre comme cela !


Vanité
David II Teniers(1610-1690)

-Vanité (Rouen).

L'adolescence est aussi le temps de la prise de conscience de la mort.

Mon père, Jacques Richard, était le VRP d'une importante quincaillerie industrielle havraise qu'il représentait sur le secteur de Rouen et sa région. Il passait donc son temps à conduire. Rouen et son port étaient alors un pôle d'activités industrielles des plus importants de France et mon père avait donc une vie très active.  
A cette époque les automobiles ne tenaient pas très bien la route et mon père aimait la vitesse. Le père d'un de mes meilleurs amis (Louis) s'était tué au volant de sa voiture en 1954 et j'avais une angoisse terrible en fin d'après-midi que le mien ne rentre pas à la maison. Cette angoisse incontrôlable reposait sur la réalité d'un danger dont nous avions conscience dans notre famille. D'ailleurs, avec une Peugeot, il fit une sortie de route et des tonneaux et évita plusieurs accidents graves.

Bref, je fus donc immédiatement sensible à la symbolique de cette nature morte qui juxtapose la mesure du temps avec la montre , l'archet dont la pointe en forme de flèche et le crâne évoquent la mort.