ACTIVITÉS




A VOS BRETELLES MESSIEURS !



-Henri III, roi de France-

Depuis Henri III, les bretelles sont devenue un accessoire qui connut une popularité en dents de scie. Tout d'abord considérées comme un sous vêtement qu'il fallait cacher car inconvenant, les bretelles aujourd'hui sont considérées comme très chics. 
Napoléon portait des bretelles, cachées sous son célèbre gilet, décorées d'abeilles en souvenir de ses origines corses. 

En raison de la loi du 17 novembre 1800, elles furent interdites aux femmes. Toutefois George Sang, bravant cette interdiction, fit plusieurs apparitions publiques travestie en homme avec le port de pantalons tenus par des bretelles. A son image Olympe de Gouge portait elle aussi la culotte réservée aux hommes. 

L'élan populaire pour les bretelles devint réel à partir de la Commune de Paris en 1871. Depuis, elles sont portées par tous les hommes quelque soit leur classe sociale. Les femmes l'insèrent avec harmonie dans leur toilette ultra-tendance.

Pour bien comprendre l'histoire de vos bretelles, Messieurs, il faut s'attarder sur la ville de Rouen qui fut un haut lieu de l'industrie bretellière et du textile. 

-L'un des premiers métiers à tisser des bretelles à Rouen-

C'est vers 1800 que les premiers métiers à tisser pour bretelles sont créés par Duval et Gosse à Rouen. Associés à Charles Antheaune, la technologie de l'élastique s'est développé avec l'insertion du caoutchouc dans le tissage de la laine et du coton.


 A Darnétal, Lucien Fromage diversifie la fabrication de gaines, de soutiens-gorges et de bretelles et son usine exporte dans le monde entier jusqu'en 1976 ses fameuses bretelles et ceintures élastiques.

-L'usine Lucien Fromage sur le Robec à Darnétal avec un superbe moulin-

L'usine Lucien Fromage est un superbe bâtiment industriel reconverti pour devenir l'école Nationale Supérieure d'architecture de Normandie.

-L'usine Lucien Fromage à Darnétal-

Alors Messieurs, si comme moi vous avez besoin d'une bonnes paire de bretelles et d'une bonne ceinture pour porter la culotte devant une épouse de caractère, femme formidable par ailleurs, pensez que Rouen vous aide dans votre vie quotidienne pour avoir l'illusion de l'autorité dans votre couple. Vous l'avez compris j'aime les femmes qui ont de la personnalité mais je ne peux plus me passer de mes bretelles...


Marie-salope !

Quel rapport avec ce sobriquet attribué aux femmes malpropres, négligées et débauchées et la Seine ?

Jérôme Chaïb, dans son premier tome, à la page 91, de sa trilogie "LA SEINE,VIE ET PATRIMOINE" nous renvoie à l'histoire de l'augmentation du tirant d'eau pour que de grands navires marchands puissent remonter le fleuve jusqu'à Rouen. 

Ce fut une bataille technologique gigantesque pour approfondir le chenal permettant une navigation. Au cours des siècles, ce fameux "tyran d'eau", tant que le problème était au cœur du dragage est passé de 3 ou 4 mètres à plus de 10,70 mètres et devrait bientôt atteindre 11,70 mètres pour permette aux navires de la nouvelle génération d'atteindre le port de Rouen.

Vers 1870, les dragues à godets se mirent à remonter les vases malpropres, en faisant un bruit de métal grinçant difficilement supportable pour les équipages d'où ce nom de "Marie-salope". 
-Ancienne drague à godets sur le port de Rouen-

Les boues collectées, environ 30 millions de tonnes, étaient déversées dans des chalands pour être soit transposées au delà des digues des berges pour les remblayer ou dispersées au large de la côte maritime dans des zones où les courants ne risquaient pas de les faire remonter vers l'estuaire de la Seine.

C'est donc une aventure humaine et technologique passionnante que nous livre cet auteur dont je rends compte sur ce blog. L'histoire de la navigation sur ce long fleuve qui n'est surtout pas si tranquille que nous l'imaginons car ce n'est pas pour rien en effet que les navires ont besoin de prendre à leur bord des pilotes qui connaissent tous les pièges à éviter et les limites précises du chenal entretenu en permanence par les dragues.

Bibliographie : Jérôme CHAÏB - "La Seine : Vie et Patrimoine", tome 1. Seine sauvage, Seine domestique - Editions des Falaises (2017) 175 pages illustrées de nombreuses photographies.(24 €)



Le Présent et l'avenir

-Nouvelle Drague  à succion Jean Ango du port de Rouen-

Sur Internet, j'ai visité le site du Port de Rouen et Un projet intéressant pour le traitement des boues s'élabore dont le schéma ci dessous explique la technique.



Depuis 2013, une drague à succion comme la "Jean Ango", de 82,1 mètres de long sur 15,4 mètres de large possède la capacité d'aspirer 1800m3 de vase par jour. 


-La drague Jean Ango à Petit-Couronne (port de Rouen)-


J'aimerai bien pouvoir faire un reportage sur ce navire dont je connais un des responsables. (Affaire à suivre donc : 17 décembre 2018)





DRAPERIE-TEINTURERIE


Rue Eau de Robec

-Les Photos sont issues d'Internet-




"L'IGNOBLE PETITE VENISE"

"Sa mère lui choisit une chambre, sur l'Eau-de-Robec, chez un teinturier de sa connaissance... Dans les beaux jours de l'été, à l'heure où les rues tièdes sont vides, quand les servantes jouent au volant sur le seuil des portes ; il ouvrait les fenêtres et s'accoudait. La rivière, qui fait de ce quartier comme une ignoble petite Venise, coulait bas, sous lui jaune, violette ou bleue, entre ses ponts et ses grilles. Des ouvriers, accroupis au bord, lavaient leur bras sur l'eau. Sur des perches partant du haut des greniers,des écheveaux de coton, séchaient à l'air."
La rue Eau de Robec, décrite de cette façon si peu flatteuse par Gustave Flaubert , en 1857, sert de cadre dans son roman à la jeunesse de Charles Bovary, est aujourd'hui une des rues les plus pittoresques de Rouen.










Ses maisons caractéristiques de l'activité artisanale de la draperie et de la teinture sont remarquables et leurs façades à pans de bois, surmontées d'un grenier-étente, invitent à la curiosité.




L'architecte Jules Adeline, né au XIX° siècle dans cette rue en fait une description plus précise : "Les teinturiers rouennais contribuaient à donner à la vieille rue un aspect tout spécial, toutes leurs maisons surtout du côté de l'eau, disparaissaient sous les grandes pièces de toiles suspendues à des perches s'avançant dans le vide. D'une hauteur de trois à quatre étages, les immenses et larges rubans descendant, remontant et descendant encore, se superposaient comme les feuillets d'un livre, projetant sur les rez-de-chaussées une ombre opaque et lugubre même en plein midi."

Les combles ouverts sont réaménagés en appartements après la 2ème Guerre Mondiale, mon père, venant de Lyon , loua le rez-de-chaussée du 43 rue Eau de Robec pour y tenir un magasin d'électro-ménager. C'est aujourd'hui un magasin de café réputé.

Cette rue est un lieu de mémoire et témoigne de l'histoire de la draperie et de la teinturerie.






-Foire au MoyenÂge-

Je ne résiste pas au plaisir de l'évoquer.


HISTOIRE DE LA DRAPERIE


- Dès le XIIème siècle les métiers du textile sont présents à Rouen.

- Au début du XIIIème siècle, les charpentes montrent dans de nombreuses rue des « pentoirs » pour faire sécher les draps.

Drapiers, foulons, teinturiers s’installent dans une zone marécageuse (quartier de Malpalu et de Martainville).

- En 1346, Philippe VI ordonne de clore la ville de murs et de fossés. Rouen étant la seule ville close de Haute-Normandie, lors du début de la Guerre de cent ans, elle servit de refuge aux gens des campagnes et des villes détruites comme Louviers ou Pont de l’Arche.

- Les réfugiés accueillis à Rouen comptaient un grand nombre d’ouvriers du textile. Le maire se fondant sur les privilèges de Rouen les empêcha de travailler.

- En 1378, Charles V, à leur demande promulgua une ordonnance leur donnant le droit de travailler pour 10 ans.

- A partir de cette année, il y eut deux draperies de Rouen : la grande et la foraine (Darnétal).

- Agitation de 1356 à 1358 : la guerre eut pour conséquence un alourdissement très net de la fiscalité.

- 1348 : peu après l’arrivée de la Peste noire, une émeute chassa les percepteurs.

- 1351 : émeute dans les mêmes conditions : 83 ouvriers du textile furent pendus !

- 1282 : émeute de la Harelle.

- 1419 : Henry V prend Rouen qui allait demeurer anglaise 30 ans.

- 1458 : le rouet fut accepté ! La texture et la couleur des lisières furent précisées avec minutie, ainsi que la longueur de la texture des draps.

- 1477-1478 : établissement de nouvelles foires à Rouen. L’expansion de Rouen et de « la drapperie » sont considérables (peuplement de Longpaon, Carville, Darnétal).

- Darnétal devient le symbole de la draperie (pollution des eaux du Robec et de l’Aubette).

- Le bleu est à la mode.

- 1495 : les draps de Rouen se vendent dans le monde entier.

- Importation de laine de Burgos contre des draps rouennais.

- La draperie avait besoin de beaucoup d’alun pour fixer les teintures. (49 à 57% transitent par Rouen venant d’Italie). Ce trafic important s’insère dans le contexte de relations décisives de Rouen avec l’Italie de la Renaissance.

- Comme l’exportation de la laine vers l’Espagne, l’importation de l’alun est le symbole de l’ouverture rouennaise à l’Italie.

- L’Espagne, le Portugal, les Indes demandaient des tissus de couleurs joyeuses : le rouge était obtenu avec un bois nommé Brésil, importé des Amériques.

- A partir de 1529, à la barbe des portugais, Rouen allait devenir pour la France entière la principale porte du Brésil.

- Montaigne vint à Rouen pour recueillir de Tupinambas authentiques la matière de son chapitre des « Cannibales ».

- Jusqu’au XVIIème, la laine et le lin l’emportent.

- Au XVIIIème, les cotonnades attirent de plus en plus de main-d’œuvre.

- En 1594, le Sieur Delarue disposant d’un stock important de coton, destiné à faire des mèches de chandelles, imagine de faire filer et tisser le produit qui l’embarrasse. C’est un franc succès : « la siamoise » est une étoffe parfaite pour chemises et jupons !

- 1724 : 25430 personnes filent et tissent le coton. 2544 métiers tissent ce nouveau produit.

- 1774 : à Darnétal la veuve Quesnel emploie 300 ouvriers. C’est la première usine industrielle.

- 1755 : Brisout de Barneville met au point une machine à filer.

- 1764 : un britannique, Hargreaves, construit la Jenny, un métier à tisser.

- 1750 : John Holker espionne les anglais et fonde avec des négociants rouennais une usine à Darnétal.

- La production passe de 300 pièces à 2287 vingt ans plus tard.

- Le XIXème et le début du XXème siècles verront une industrialisation importante à Rouen, avec le développement de la chimie (teinture) qui chutera après la guerre (1945).



UN ARTISAN FERRONIER: 

 FERDINAND MARROU (1836-1917)

Un maître-ferronnier génial


Quand vous sortez de la gare, à droite,  une très singulière maison attire le regard de part la richesse de sa façade. 

- La demeure de Ferdinand Marrou, 29 rue Verte (1899) -

C'est de la demeure d'un ferronnier d'art (1899) venant des Hautes-Alpes qui vint s'installer à Rouen pour réaliser les quatre clochetons en bronze qui entourent la flèche de la cathédrale. 



SA NOTORIETE :

Sa notoriété s'affirme lorsqu'il réalise en 1874 l'épi de faîtage pour la girouette de la Tour Jeanne d'ARC. Convaincu que l'essor de son entreprise dépendait de la reconnaissance des décideurs économiques de Rouen, ce maître ferronnier décida d'orner sa maison de la rue Verte et son agence de la rue Saint-Romain des produits de son savoir-faire.



Cette éblouissante démonstration artisanale fut sa vitrine professionnelle et cette maison est classée monument historique avec son agence commerciale au N° 70 de la rue Saint-Romain.


- en 1902, l'agence de Ferdinand Marrou au 70 rue St-Romain (photo : J. Charrat) -
- Les clochetons de la flèche de la cathédrale (Photo : J. Charrat)-