vendredi 9 avril 2021

LE PALAIS DE JUSTICE



- La cour historique datant de Louis XII -

- Les éclats d'obus du terrible bombardement de 1944 ont été volontairement conservés -

- Aile Ouest qui a servi de modèle à l'aile Est (1844-1852) - à droite la rue aux Juifs 

Le Palais de Justice de Rouen est incontournable quand on visite la vieille ville historique. 
Il présente une unité de style gothique flamboyant bien qu'il ait été bâti en pleine Renaissance.

L'aile Ouest, néogothique date même du XIX° siècle, ce que beaucoup de rouennais ignorent.


  HISTOIRE (Documents Internet)



Le cardinal George 1er d'Amboise, archevêque de Rouen, ami personnel de Louis XII, puis son premier ministre et vice-roi du Milanais occupé par les français, joue un rôle capital en tant qu'architecte de Rouen dans la construction du "PALAIS NEUF MARCHES" situé à l'ouest de la cour du Palais de Justice..



-Portrait de Louis XII-


Ce chef d'œuvre architectural; construit entre 1499 et 1509, était réclamé depuis 1494 par les riches bourgeois et les hommes de lois de Rouen.

- Grande salle commune : photo Internet -






La grande salle commune (des pas perdus) du premier étage était destinée à abriter les hommes de justice et les marchands. Ce qui explique "les boutiques" prévues au rez-de-chaussée et l'escalier extérieur conduisant à la grande salle commune.

Quand l'ensemble des bâtiments ont été attribués à la justice, ces boutiques furent aménagées en cellules où les justifiables attendaient leur procès.

Les exécutions des condamnés à mort eurent lieu place du Vieux Marché puis au XIX° siècle place Bonne Nouvelle devant la porte de la prison actuelle.

François 1er crée le Parlement de Normandie dans cette aile du palais.

-François 1er-

La construction de la partie centrale, LE PALAIS ROYAL, est financée par le roi.
Sa tourelle à 9 pans (1531) paraît avoir été conçue comme une lanterne aux baies en plein cintre largement ouverte pour abriter un escalier.



Cet édifice, en dépit de tous les outrages et des bombardements de 1944, demeure l'expression merveilleuse de l'architecture médiévale finissante avec l'apport des conceptions nouvelles de la Renaissance italienne.

Procès célèbre :


Accusé : André Vitel, 17 ans, garçon de sonnerie à bord des navires de la Compagnie générale Transatlantique, demeurant au Havre

Accusation : Assassinat de Françoise-Anne Vitel, sa belle-sœur, 28 ans ; meurtre de son neveu Michel Vitel, 6 semaines ; vol qualifié.

Verdict : Peine de mort.



Le procès d'André Vitel le 17 février 1939 a marqué l'histoire judiciaire rouennaise. Le jeune-homme était jugé pour le double meurtre de la rue Frédérick Lemaître au Havre (Seine-Maritime qui se nommait à l'époque "Seine-Inférieure"). 

Il fut condamné à la peine de mort par la Cour d'assises de la Seine-Inférieure. André Vitel fut le dernier mineur guillotiné publiquement en France (Place Bonne-Nouvelle devant la porte de la prison). 

A partir du dossier conservé aux archives départementales, Constance de Saint Rémy a écrit une pièce retraçant cette affaire. Elle est interprétée par des magistrats, avocats, huissiers, notaires, universitaires et étudiants de Rouen.

ARCHEOLOGIE :

(photos Internet)

La Maison sublime




SYNAGOGUE OU UNIVERSITE ?


J'ai eu la chance de pouvoir visiter l'édifice Juif trois fois et de voir les graffitis grossiers et sexuels gravés sur les murs.
Ils ont une importance primordiale pour définir la fonction de ce lieu unique.
A l'époque de la découverte de ces ruines, les spécialistes se disputèrent car les uns penchaient pour une synagogue et les autres pour une école rabbinique. 




Connaissant bien la Bible et la culture juive (que j'ai enseignée), il m'était impossible de croire que ce lieu était sacré avec ces graffitis.
J'ai immédiatement opté pour une université qui était d'ailleurs en lien étroit avec l'abbaye de Jumièges pour les recherches exégétiques. 


Située sous la cour centrale du Palais de Justice, cette école date de la fin du XI° ou du début du XII° siècle.

Elle est le seul témoignage européen de cette époque relatifs aux juifs, d'où l'importance de sa découverte en 1976.

UNE COMMUNAUTE TRES ACTIVE AU RAYONNEMENT EUROPEEN

La communauté juive rouennaise était une des plus importantes d'Europe au Moyen-Âge avec 3000 à 4000 individus. Ses rabbins et ses enseignants étaient des savants reconnus au rayonnement immense dans le monde médiéval. Des moines de toutes les abbayes normandes venaient apprendre l'hébreu dans cette université. 



Guillaume le Conquérant, pour en diminuer l'importance, emmena des familles juives de Rouen pour les installer en Angleterre (1066) afin d'assurer finances et commerces tout en respectant leur pratique religieuse.

UNE FIN TRAGIQUE

-Philippe Le Bel-

A la fin du XI° siècle, en 1096, les croisés persécutèrent les juifs de Rouen. Philippe Le Bel, en 1306, confisqua et détruisit cette Université juive et liquida physiquement la communauté de Rouen en récupérant tous ses biens.

Ce trésor culturel, philosophique, universel fut anéanti par ce roi cruel et cupide.

- Supplice des juifs sous Philippe Le Bel -




La rue "Aux Juifs" longeant le Palais de Justice est une trace de ce passé tragique et les historiens y situent la synagogue médiévale rasée par le roi de France à 30 mètres de ce monument au N° 20 où on a retrouvé un bassin de purification rituelle. 

Le massacre des juifs fut une des pages les plus sombres de l'histoire de Rouen avec plus tard les guerres de religions.


UN CLIN D'OEIL HUMORISTIQUE

Je vous conseille de jeter un coup d'œil sur la gargouille à droite de l'escalier ouest montant à la grande salle, car son sculpteur donna libre cours à ses fantasmes.

Vous n'oublierez pas ainsi votre visite de ce palais  que vous quitterez avec le sourire.



Le tailleur de pierres sculpta un sexe masculin en érection sur lequel se déplace lentement un escargot.
Ce gastéropode est le symbole des tailleurs de pierre que l'on retrouve sur de nombreuses églises gothiques. Quant-au sexe, il exprime d'abord la liberté de son créateur qui était contraint de sculpter les gargouilles selon un modèle symétrique imposé, mais qui pouvait représenter leur ventre comme il voulait.

On raconte, sans preuve, qu'il aurait voulu ainsi dénoncer la lenteur et la raideur de la Justice à laquelle il devait rendre compte.