PERSONNALITÉS

FORTUNE & INFORTUNE des FLAUBERT  





On connait la vie et l’œuvre de Gustave Flaubert. Sa Correspondance, les brouillons et scénarios que sa nièce avait conservés et que les études de génétique ont mieux fait connaître, la documentation qu’il avait accumulée pour rédiger Bouvard et Pécuchet, tous ces précieux documents ont permis de dessiner un portrait assez précis mais subjectif de l’écrivain. Il a toujours voulu n’être qu’un « homme-plume », un artiste qui a consacré toute sa vie à la littérature.


  • Mais n’était-il pas également un bourgeois malgré lui ? 
  • Était-il vraiment riche ? 
  • Commanville l’a-t-il ruiné ? 


Jusqu’à présent, les réponses apportées à ces questions ne sont guère pertinentes car elles ne prennent pas en compte les documents d’archives qui permettent de lever le voile sur ces interrogations. 

Ce répertoire fera découvrir une masse documentaire insoupçonnée. Gustave Flaubert a signé un nombre considérable de procurations… 

Son nom figure dans les actes de notaires, dans les documents de l’enregistrement ou dans les procès-verbaux d’audiences des tribunaux. 

Il a été un fils de famille et, qu’il le veuille ou non, il a hérité, de la politique patrimoniale et fiscale du clan Flaubert. 

Ainsi, paradoxalement, l’indivision née de la succession de son père Achille Cléophas l’a fait paraître très riche alors qu’il n’a disposé personnellement, du vivant de sa mère, que des revenus de la part d’héritage qui lui a été attribuée à la mort de son père. 

Le courtisan qui fréquente la princesse Mathilde, qui est invité au château de Compiègne, a bien du mal à tenir son rang car sa mère contrôle la gestion de la fortune familiale.


Une quête fastidieuse mais nécessaire dans les documents d’archives a permis de repérer des centaines de documents, des milliers de pages qui en disent long sur la famille Flaubert. 

Ce répertoire montre le chemin, offre aux chercheurs des pistes pour approfondir des questions négligées jusqu’à présent. 

Le tableau chronologique et les index vous invitent à rejoindre les auteurs : venez donc découvrir dans les fonds des Archives départementales tous les documents inédits qui viendront compléter et enrichir les connaissances déjà acquises grâce à la Correspondance, aux brouillons et scénarios. 





Bibliographie d'après mes notes personnelles:



-Buste de Gustave Flaubert : musée G. Flaubert de Rouen-

Le père de Gustave Flaubert était chirurgien chef de service à l'Hôpital de l'Hôtel-Dien de Rouen (aujourd'hui la préfecture de la Seine-Maritime). 


La famille logeait dans une maison qui est devenue le musée Gustave Flaubert qui présente dans la chambre natale de l'écrivain des souvenirs se rattachant à l'environnement intime des Flaubert. 
-Chambre natale de Gustave Flaubert : musée Rouen-

Des collections de céramiques pharmaceutiques, d'outillage médico-chirurgical, des statues de saint guérisseurs, des écorchés anatomiques, des documents des XVII° et XIX° siècles y sont exposés.

Un jardin clos romantique propose une centaines de plantes médicales étiquetées pour évoquer les remèdes d'autrefois. 

-La Seine vue de la maison de Flaubert, par Georges Rochegrosse-

Ce musée est intéressant mais trop méconnu des Rouennais qui connaissent légèrement mieux le pavillon Flaubert à Croisset. C'est la seule construction subsistant de l'habitation de Gustave Flaubert à Croisset (1845-1880). 

Ce "pavillon du bord de l'eau" (Style Louis XV) était utilisé par l'écrivain comme "GUEULOIR", pour mettre au point ses textes, leur ponctuation. Je suis frappé du style adapté à la respiration de Flaubert : c'est l'art oratoire qui prime sur l'emphase lyrique ! 

Gustave, dès l'enfance, fut confronté à la monotonie de la vie bourgeoise en province et il se souviendra de son ennui quand il écrira "Madame Bovary" en 1857. C'est pour plonger dans la richesse de l'imaginaire que Flaubert s'adonna à la littérature. Se nourrissant de sa grande culture, son exceptionnelle capacité de travail, son amour du réalisme social et historique, lui permirent de réunir une somme impressionnante de notes dont l'exactitude rigoureuse canalisa son inspiration hantée par la tentation romantique et lyrique mais contrôlée par un perpétuel effort de réalisme. 
Madame Bouvary, Boule de Suif, Mémoires d'un Fou, L'Education Sentimentale, le Candidat, Salammbô,  en sont les chefs d'oeuvre.
Bientôt; je mettrais en ligne sur ce blog, un article sur la véritable histoire de Boule de Suif.
Toute sa vie d'adulte, Flaubert la passa à Croisset, tout près de Rouen, sur les bords de la Seine.
Atteint dans sa jeunesse d'une maladie nerveuse, il en a souffert toute sa vie. Il connut beaucoup d'échecs de librairie, cependant, la publication de Madame Bovary et de Salammbô provoqua un grand scandale en 1857 et son roman fut donc un succès phénoménal.




Il entretient une relation intellectuelle, platonique et très amicale avec George Sand et leurs lettres sont des chefs d'oeuvre.

Inépuisable sera l’interrogation mutuelle de ces deux génies curieux l’un de l’autre. Lorsque George Sand vient à Croisset,  à trois reprises, ils dialoguent interminablement. 

Avide de voir, de connaître, d’apprendre toujours, George Sand réussit à l’arracher pendant quelques heures à son cabinet de travail, et elle l’entraîne à des promenades à la Bouille, Canteleu, Duclair, Jumièges, Saint-Martin-de-Boscherville. Mais la nuit, le « gueuloir » prend sa revanche, c’est jusqu’à deux, trois, et même quatre heures du matin qu’ils poursuivent leurs conversations entrecoupées de lectures qui les passionnent

Malgré les divergences de penser et les différences de sensibilité , ils ont tant de choses en commun : la générosité naturelle d’abord, et George Sand n’a pas mis longtemps à percer le masque d’impassibilité. Flaubert a ouvert son moi en elle et ne l’a pas ôté. Ils partagent un certain idéal qu’ils blaguent ensemble et agréablement, se comparant à « deux vieux troubadours de pendule d’auberge, qui toujours chantent et toujours chanteront le parfait amour ». 

Devant les conceptions bourgeoises de la vie ils ont le même haussement d’épaules, ils croient à l’idéal, ils croient à l’art, à l’enthousiasme, ils vibrent à la lecture des maîtres. Avec des nuances, bien sûr, car on n’en finirait pas d’épiloguer sur ce qui les diversifie. 

Ainsi pour ce qui est de l’art, leurs buts sont en apparence opposés. "L’Art pour l’Art dit Flaubert, et George Sand de répondre : l’Art pour l’Homme".

Beau débat, jamais terminé, qui reprend de temps à autre, sous d’autres vocables philosophiques qui pourraient faire l'objet d'une dissertation pour les futurs bacheliers.


-La tombe de l'écrivain au Cimetière monumental de Rouen-

Gustave Flaubert mourut à Croisset le 8 mai 1880. 
(31 décembre 2018) 






GEORGES 1er d'AMBOISE


-Portrait de Geoges 1er d'Amboise, (Rouen)-

Une personnalité majeure de l'histoire de Rouen

-Miniature représentant Louis XI suivi de Gorges 1er d'Amboise (Rouen)-

Un cardinal  est à l'origine de l'éclosion de la Renaissance à Rouen.
C'est le ministre le plus proche du roi Louis XII, le cardinal Georges 1er d'Amboise ( 1460-1510).
"Le roy qui le connaissait estre homme très excellent et accompli de sens, d'expérience, de loyauté et de bonne vie, le tenoit fort proche de sa personne, soit qu'il traictast d'affaires sérieuses ou qu'il vaquast à recréer son esprit toujours seul avec luy en sa chambre et compeignon perpétuel de ses voyages..." (Témoignage anonyme de l'époque en vieux français)

Archevêque de Rouen, il favorisa la construction de la Tour de Beurre, financée en partie par les dispenses pour l'usage du beurre pendant le carême. 

Sous son ministère, grâce à l'essor économique de la ville, la draperie foraine se développa à Darnétal, les constructions du portail central de la cathédrale, de l'Hôtel des finances, de l'Hôtel de Bougtheroulde, de l'église Saint-Maclou, de la Fierté Saint Romain, place de la Vieille Haute Tour, furent entreprises.

Aujourd'hui, si je peux vous parler des trésors de Rouen, c'est sans aucun doute grâce à cette grande figure dont on peut admirer le splendide tombeau dans le coeur de la cathédrale. Il est plus facile d'évoquer son action que sa personne dont je ne sais pas grand chose.

Je vous renvoie donc sur une passionnante publication des "Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes":
https://journals.openedition.org/crm/13349
Jonathan DUMONT et LAURE FAGNARD vous feront découvrir "Une figure plurielle de la Renaissance"

-Tombeau des cardinaux georges 1er et Georges II d'Amboise (Rouen)-



Le tombeau de Georges 1er et de son neveu Georges II d'Amboise, situé dans la chapelle de la Vierge, dans le coeur de la cathédrale, est une oeuvre majeure de la première Renaissance, réalisée entre 1515 et 1525, par le rouennnais Roulland Le Roux (1465-1527) qui s'est représenté en sculptant son portrait  sur l'angle droit du tombeau. Il est aussi le maître d'oeuvre à l'origine de la Tour de Beurre.


-Autoportrait de Rouland Le Roux (Rouen)-

Ce tombeau atteste du rôle de carrefour artistique, économique, politique joué par Rouen à cette époque.


Il faut bien se rendre compte qu'en 1510, Rouen est la deuxième ville du Royaume de France, que son port en est la porte ouverte sur le monde.

Les armateurs rouennais envoient leurs navires pécher le Hareng dans la mer Baltique, la morue à Terre Neuve et vont  chercher le sel à Guérande ou à Setubal au Portugal. 

Rouen exporte ses draps vers  l'Espagne dont il importe la laine de Burgos et pour la teindre avec des colorants venant du Brésil ou des îles Canaries. La draperie avait besoin de beaucoup d'alun importé d'Italie pour fixer les teintures. Les navires larguant leurs amarres des quais de Rouen, voguaient vers le Portugal, le Brésil, les Indes, l'Afrique...
A partir de 1529, à la barbe des portugais, Rouen devient pour la France entière la principale porte du Brésil. 

Montaigne vint à Rouen pour rencontrer des "Tupinambas" pour tirer matière pour  son chapitre sur les "Cannibales".

Lors de la visite du roi Henri II, en 1550, une fête est organisée sur la Seine. Montaigne y rencontre les indiens brésiliens. 
  • Je me permets de renvoyer mes lecteurs à 3 pages d'une intéressante bande dessinée:  "Rouen - Les méandres de l'Histoire" dont le scénario est de Daniel Pecqueur, les dessins d'Alain Robet, le conseiller historique Alain Sadourny et les couleurs de Philippe Lang, publiée par la "Jeune Chambre Économique de Rouen" en 1989. Cette BD évoque l'Histoire de Rouen d'une façon tout-à-fait plaisante.


( 28 octobre 2018)