lundi 13 juin 2022

LE TOP DES RESTAURANTS DE ROUEN ET SA REGION

 Si Rouen n'a pas de gastronomie typiquement locale, celle-ci est cependant excellente et j'ai sélectionné des tables que des amis et moi-même connaissons et apprécions à Rouen et sa région dans un rayon d'environ 50 km, soit une heure de trajet. Bien sûr la liste proposée n'est pas exhaustive et je renvoie mes lecteurs à Internet et aux livres spécialisés dans la gastronomie.

Réservez surtout votre table à l'avance.



  • Restaurant Gill
8-9 quai de la Bourse 76000 Rouen 
(Tél : 02 35 7116 14)




Si le chef Gilles Tournade a rendu ses deux étoiles en 2020, il met encore en valeur une cuisine de gastronomie normande classique ses deux restaurants, haut de gamme, sont incontournables pour les gourmets.

  • Gill Coté Bistrot
14 place du Vieux Marché 76000 Rouen
(Tél : 02 35 89 88 72)

Dans un cadre chaleureux mais exigu, le service est rapide et les assiettes copieuses avec des produits locaux de qualité travaillés maison. 

Ce bistrot est à recommander pour les gastronomes pressés.

  • La Marmite
3 rue de Florence 76000 Rouen,
(Tél : 02 35 71 75 55) 


La cheffe Frédérique Antoine, aux fourneaux, et son mari Jean-Luc, en salle, offrent  des prestations d'une qualité exceptionnelle. Leurs tables séduisent par une cuisine raffinée féminine, un service particulièrement agréable et un choix des vins judicieux. 


Ce restaurant est à recommander pour sa décoration, sa finesse, sa convivialité avec l'assurance de passer un bon moment.
  • L'Odas
4 impasse Maurice l'Enfant 76000 Rouen
(Tél : 02 35 73 83 24)
 
Olivier Das Silvas (2 étoiles) et son épouse ont le goût du travail raffiné dans un restaurant prestigieux de style architectural de la Renaissance avec une vue imprenable sur la cathédrale et les rues historiques du vieux centre ville.




Très intuitif, ce chef génial aime emmener ses hôtes vers les saveurs imprévues des produits du jour en cuisinant derrière une vitre


Cette passion, vécue en directe, est ressentie par tous les gastronomes et cette table rouennaise est incontournable.


  • La Pêcherie
place de la Vieille Tour 76000 Rouen
(Tél : 02 35 88 71 60) 

Dans un registre très différent,  cet établissement propose des fruits de mer dans une déco boisée évoquant un bateau, ornée de fresques maritimes.
C'est un rendez-vous pour les amateurs d'huîtres (Bar à Huîtres), de poissons, de crustacés (qui peuvent emporter leurs plats).  




Très frais, les produits viennent des ports de pêcheurs de la côte. C'est donc une cuisine du jour de qualité garantie.
Très chaleureux le patron et les serveurs sont rapides, intentionnés près à conseiller les clients.
La réputation de cette maison n'est donc pas usurpée et ceux qui aiment cette spécialité ne seront pas déçus.

  • Au Soupé Fin (une étoile)
1 route de Clères 76690 FRICHEMESNIL
(Tél : 02 35 33 96)

Eric Buisset (1 étoile)  élabore une cuisine classique d'une grande finesse, à base de produits de saison, qui vaut l'étape gastronomique. 



L'accueil de la patronne, Véronique Bussier, dans un cadre élégant, donne de bons conseils avec ses suggestions pour le choix des plats mariés aux vins ou cidre soigneusement sélectionnés.

Le service du personnel est parfait.

62Dormy House

  • Dormy House
route du Havre 76790 ETRETAT
(Tél : 02 35 27 07 88)



Cet Hôtel et restaurant, sur un site magnifique et très bien entretenue; offre une vue superbe sur Etretat et ses falaises. 
Une Salle de détente et de jeux est disponible.
L'accueil est parfait. 
Le site est calme et reposant pour se dépayser. 


Les repas de cuisine française ou européenne aussi bien au restaurant qu'au bistrot sont excellents.
A recommander.
  • Le Vicomté
4 rue du Président René Coty 76400 FECAMP
(Tél : 02 35 28 27 63)

La maison propose un menu unique qui change tous les jours, en fonction de la saison.
Ce menu donne le choix entre deux entrées, deux plats, le fromage et le dessert.
Il est composé à partir de produits frais et de saison.




Complètement atypique, ce petit restaurant est tenu par un sympathique couple très complémentaire. 

Monsieur, à l'allure très singulière, avec son tablier rouge, ses Rouflaquettes (favoris à la mode Napoléon III) impressionnantes et d'un autre âge, accueille ses hôtes dans un décoration rétro, d'une façon conviviale et son service, de bons conseils, est efficace, rapide et très bien organisé.

Madame cuisine divinement des mets soigneusement choisis selon les saisons et les productions locales  (maraichers et pêcheurs). 
Ses plats sont tout simplement délicieux.




Cette maison devient vraiment incontournable lorsqu'on choisit Fécamp comme étape culinaire. 



 
Choisir de devenir patrons restaurateurs gastronomes en couple est un choix de vie impliquant un engagement total au service d'une clientèle de plus en plus exigeante sur la qualité et qui désire être surprise par les options culinaires. Il faut la régaler et lui donner envie de revenir.  


SNEA

UVILLE, (Tél : 02 35 61 96
Les Capucines, 16 rue Jean Macé 7640 LE PETIT-QUEVILLY, (Tél : 02 35 72 62 34)Le Colombier, 1 rue Loucheur 76550 FRANQUEVILLE, (Tél : 02 35 85 48 50)

  • Les Voiles d'Or (Une étoile)
2 chemin de la Falaise 76200 DIEPPE
(Tél : 02 35 84 16 84) 

Corinne et Tristan Arhan : un couple de passionnés

A Neuville-lès-Dieppe, sur  un petit front de mer en haut des falaises, décontracté et chaleureux, cet établissement est spécialisé dans la cuisine du poisson et des fruits de mer avec une belle palette de saveurs. 
Méritée cette étoile, salue le talent de ce Chef car il maîtrise avec originalité et raffinement la mise en valeur de ses produits.


 
Corinne se démène seule au service avec un rare sens de l'organisation tout en gardant le sourire et sa disponibilité aux demandes de ses clients.

Cette étape gastronomique est une excellente expérience à partager


  • Le Bec au Cauchois - Pierre Caillet (une étoile)
22 rue André Fiquet 76540 VALMONT
(Tél : 02 35 29 77 56)


Pierre Caillet, très jeune chef étoilé et Meilleur Ouvrier de France, se construit une réputation internationale.




Ses assiettes dont les saveurs sont inattendues sont des chefs-d'œuvre d’imagination.

Cette adresse est pleine de promesses à découvrir.

  • Auberge de la Pomme
44 route de l'Eure, 27340 LES DAMPS
(Tél : 02 35 23 00 46)



Si William Boquelet a perdu son étoile certainement injustement, il demeure un des meilleurs cuisiniers de notre région.
Tout près de Pont-de l'Arche dans l'Eure, l'Auberge de la Pomme, présente une cuisine créative très moderne en mettant en valeur les producteurs locaux.





******************
Plus loin, à Saint-Valery-en-Caux, port pittoresque et de pêcheurs qui vendent à quai leurs prises du jour, de bonnes tables valent le déplacement comme le restaurant du Port. 
Mais on pourrait écrire un ouvrage de plus de cent pages sur la gastronomie normande. 
Sur ce blog il faut savoir faire court tout en informant pour donner envie de réserver une bonne table.

Une remarque s'impose : tous ces restaurants travaillent avec des produits frais locaux soigneusement sélectionnés, garantissant leurs qualités.





mercredi 8 juin 2022

PAS DE GASTRONOMIE SANS LES FROMAGES DE NORMANDIE

Quelle table prestigieuse d'un Grand Chef cuisinier ne présente pas dans son plateau de fromages un Camembert, un Pont-l'Evêque, un Neufchâtel, un Livarot ou un Brillat-Savarin (ce dernier un peu moins célèbre)? 


Emblématiques ces fromages, issus de la variétés terroirs locaux, sont connus de la gastronomie mondiale de part leur caractère et leur goût singuliers.  


Ils ont une histoire liée au terroir dont ils sont issus et qui leur donne leur caractère si particulier.

LE BRILLAT-SAVARIN



Originaire du Nord de la Seine-Maritime en Normandie, ce fromage de vache, à pâte molle fleurie dit triple crème à été inventé par Jean Anthème Savarin (1759-1826) homme politique, avocat, magistrat, gastronome, auteur culinaire. ll est produit aujourd'hui en Bourgogne.



La notoriété du Brillat-Savarin est établie surtout depuis 1930 chez les Chefs de cuisine internationaux, notamment pour le Savarin truffé.

Ce fromage, particulièrement chargé en matière grasse, se déguste en salade, plats chauds (tarte, quiche) accompagné d'un vin blanc de Bourgogne.

LE LIVAROT


C'est un des plus anciens fromage de vaches normandes, originaire le la commune dont il porte le nom. Il est produit dans l'Orne, l'Eure et le Calvados et son appellation AOC est contrôlée depuis 1975.

A pâte molle et à croute lavée et sableuse, il se caractérise par sa couleur orangée de sa morgue et ses cinq bandelettes de plantes vivaces qui l'entourent qui lui valent le surnom de "Colonel".

Il a un goût puissant avec une saveur florale. 

Il accompagne les plateaux de fromages prestigieux de la gastronomie. et on peut marier avec des vins doux, pour ne pas masquer son goût, ou même avec du calvados, du pommeau ou du cidre normand. Mais le livarot entre également dans la composition de quiches, gratins, salades, soufflés et omelettes.

LE NEUFCHÂTEL 

Produit aux alentours de Neufchâtel-en-Bray (protégé via une AOC depuis 1969), la légende raconte que pendant la Guerre de Cent Ans, des jeunes filles ont offert ce fromage en forme de cœur aux soldats anglais pour leur témoigner leur amour.



Cette pâte molle au lait de vache et à la croute fleurie est mentionné dès 1035. 

Les fromagers du Pays de Bray en Seine-Maritime (Normandie) disposent de caves exceptionnelles où fleurit naturellement une souche de moisissures ou pénicillium qui donne son goût et sa couverture si particuliers à ce prestigieux fromage de plateau mais aussi marié à de nombreuses recettes culinaires :

Tartines de cresson ou au bruschetta normand, Neuchâtel aux pommes (ou pommes de terre, courgettes, poires, au miel, pomme de terre)   farcies ou grillées.
L'idéal est de les accompagner d'un bon vin rouge : ( Saint-Nicolas-de-Bourgueil, Saint-Emilion, Saumur, Morgon, ou Moulin-à-Vent).

LE PONT L'EVÊQUE AOP

Le village de son origine est situé près de Deauville en pays d'Auge dans le Calvados, au climat humide mais tempéré; le  bocage convenant à l'élevage des vaches productrices de lait. 

Un Pont-l'Evêque haut de gamme en croute est lavée régulièrement à l'eau saumurée en cave d'affinement pendant 18 à 21 jours (d'où sa couleur orangée).



Il est aujourd'hui produit dans La Manche, le Calvados et une partie  de l'Orne et de l'Eure.

Moelleux et fondant en bouche, c'est un fromage essentiellement de plateau qui est apprécié avec du thé, du cidre brut, du champagne demi-sec, ou de l'eau-de-vie-de-poire.

LE CAMEMBERT DE NORMANDIE
Le plus célèbre et le plus contrefait.

Cette appellation ne fait l'objet d'aucune protection et se voit utilisée pour des fromages n'ayant parfois que peu de rapport avec le Camembert d'origine. 

Dans certaines régions de France, le camembert est appelé « claquos », « clacos », « calendos ». Il est aussi copié et commercialisé par de nombreux pays dont les USA.

Pour se distinguer de cette multitude de fromages appelés « camembert », par leurs producteurs de la filière normande du camembert originel a obtenu l'enregistrement comme AOP, une protection de l'Union européenne, de l'appellation d'origine « CAMEMBERT DE NORMANDIE ».

 Il est fabriqué dans plusieurs communes des départements du Calvados, de l'Eure, de la Manche et de l'Orne.

La transformation du lait en fromage, à pâte molle, est assurée uniquement par cette filière composée uniquement de fromagers ou fermiers locaux qui respectent le cahier des charges attaché à ce label officiel .



L'histoire de ce fromage, symbole national de notre gastronomie, remonte à la fin du XVIIIème siècle, tout près de la commune de "Camembert".



A Vimoutiers, Marie Harel en échange aide l'abbé Charles-Jean Bouvoust à fuir la répression républicaine, lui donne une recette. 

L'ecclésiastique la conseille d'égoutter sur des planches en bois ses fromages frais, de les saler et de les laisser sécher : en quelques jours la préparation se recouvre d'une croute fleurie. "LE CAMEMBERT" était né mais de transport difficile. 
Sa boîte ronde en bois de peuplier fut donc conçue avec une machine pour la fabriquer par l'ingénieur Ridel  (1880) pour son transport, sa conservation, son affinage enveloppé dans du papier.

                                           Le village de Camembert et le bocage


Ce fromage put alors rapidement connaître une notoriété française et internationale considérable.

Un conseil : La durée de son affinage est estimée entre 4 et 12 semaines. 
Si vous disposez d'une cave, vous pouvez y stocker votre fromage pour l'affiner, il se conservera très bien dans du papier journal dans lequel il prendra de la saveur "en se faisant".

Les recettes sont infinies et les Chefs rivalisent de créativité pour les entrées, les plats et les desserts

                   Fondue de Camembert au four ou grillée au barbecue

Voici le rappel de quelques recettes classiques au Camembert :
  • Feuilletés et tomates
  • Tartes Brocolis
  • Escalopes de dinde
  • Camembert à la braise
  • Tarte campagnarde
  • Courgettes farcies aux petits légumes
  • Pomme de terre au bacon
  • Fondues d'oignons et figues, etc.
On peut l'accompagner d'un cidre ou poiré brut, mais il se marie aussi avec un vin rouge sec ou un blanc (Muscadet, Sancerre, Vouvray).

Bon pour la santé, il est une source de calcium avec de bonnes proportions de zinc, de vitamines A, B2, D et il est un des fromages les moins gras.

Il représente 5% de la production fromagère de France et sa notoriété ne cesse de s'élargir car les français sont de plus en plus exigeants sur la qualité de ce qu'ils consomment.
"Le Camembert de Normandie" brille de par son excellence française.









mercredi 20 octobre 2021

Statue de Pierre CORNELLE,

"Dans le bonheur d'autrui, je cherche mon bonheur."

 citation du Cid de Pierre Corneille


Place du Théâtre des Arts à Rouen une belle statue de Pierre CORNEILLE domine majestueusement l'espace publique. 

Pourquoi cette statue à cet endroit de la vie culturelle, musicale et théâtrale rouennaise ?



Pour le moins cette œuvre du sculpteur Jean-Pierre DAVID-D'ANGERS, bronze coulé à la cire perdue par le fondeur Thiébault, inaugurée le 19 octobre 1834 par le roi Louis-Philippe à la pointe de l'île Lacroix, connut un parcours agité avant d'être installée par la commune après la Seconde Guerre Mondiale sur cette place.

"Fuyer un ennemi qui sait votre défaut." 
(Polyeucte : 1643)

En effet,, le 19 juin 1940, l'armée française en déroute face à l'invasion des troupes allemandes, décide de dynamiter tous les franchissements de la Seine et fait sauter le pont Corneille. La statue reste intacte par miracle.
Les nazis occupants, en voulant récupérer pour leur industrie de guerre tous les métaux non ferreux, évaluent, trompés par les résistants, le poids de la statue à une tonne et demi et la soulèvent avec un palan prévu pour deux tonnes de charge. 
Patatras ! La statue pesant en réalité 4,540 tonnes tombe à marée haute dans La Seine où elle s'enlise. 
A marée basse les allemands la découpent pour la charger dans un camion pour l'emmener en Allemagne.
Coup du sort ! ce camion tombe en panne et la statue est sauvée !.
A la "Libération", lors de la reconstruction de la ville, la statue reconstituée  est mise en place face au Théâtre des Arts.




Au premier regard, ce qui me frappe dans cette statue c'est l'attitude majestueuse de l'homme de loi que fut Pierre Corneille en tant qu'avocat au Parlement de Rouen. 
Tenant aux mains une plume et une page blanche, l'écrivain, poète et dramaturge paraissent ensuite.

"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années." (Le Cid : 1626)

Pierre Corneille est né d'une famille de petite bourgeoisie rouennaise le 6 juin 1606, rue de la Pie (musée), tout prés de le place du Vieux Marché,  et est décédé à Paris le 1er octobre 1684.

Ses parents, soucieux de lui donner la meilleurs éducation intellectuelle de l'époque, le confièrent au  collège des jésuites de Rouen fondé en 1604.
Il y acquit une solide culture gréco-latine qui lui permit de se former au Droit pour être admis comme avocat au Parlement de Rouen.

La passion du dramaturge et du poète pour la traduction des textes de l'Antiquité  se ressent immédiatement quand on étudie les textes de Corneille.

 Au lycée d'Evreux, où j'étais interne, en première, monsieur Gislain, un remarquable pédagogue, m'ouvrit l'esprit à la dissertation par l'intermédiaire des pièces de théâtre de Corneille.
Si Pierre Corneille est d'abord ressenti comme un penseur sérieux, monsieur Gislain fit découvrir à ses élèves l'avocat qui explore le fonctionnement politique de la société depuis le temps de l'Antiquité mais il leur présenta surtout  l'écrivain du sentiment.

Pour l'anecdote, je fus interne dans ce lycée en même temps que Pierre Goldman, un juif athée révolutionnaire d'extrême gauche, fils d'un couple de résistants communistes polonais, Pierre m'ouvrit les yeux sur la réalité des déportations des juifs, des communistes, des gens du voyage, pendant le régime de collaboration de Philippe Pétain. 
Je garde un vif souvenir de mon camarade de classe dont les dissertations me dépassèrent  7 fois sur 10. 
De nos copies corrigées par monsieur Gislain sur le Cid, Pierre Goldman obtenu de notre singulier et original professeur la note exceptionnelle de 21/20 pour son art de raisonner alors que moi en seconde place un lamentable 18/20 car je m'étais plutôt penché sur les ressorts des sentiments des personnages, ignorant leur dialectique philosophique ! 
Vexé mais, avec le recul du temps,  les 3 points qui nous séparaient révélaient le talent de mon génial rival qui aurait pu devenir un grand écrivain. Notre professeur lu devant la classe à haute voix nos deux dissertations, la mienne était bonne, celle de Pierre originale et passionnante ! J'avais alors dit à monsieur Gislain que l'on reparlerait de Pierre Golgman  :"Oui, certainement mais j'espère en bien !" me répondit-il laconiquement.

Malheureusement, plus tard, Pierre Goldman défraya en effet l'actualité, engagé dans un mouvement révolutionnaire violent en relation avec l'ETA basque et accusé à tort ou à raison d'un double meurtre commis lors d'une attaque à main armée. Il a été abattu le 20 septembre 1979  vraisemblablement par un commando "Honneur de la Police" du SAC sous les ordres de "Debizet" qui trouvait scandaleux que Pierre Goldman soit remis en liberté après son procès en cour d'appel de Justice. 

Si je ne partageais aucune de ses idées subversives, ni ses passages à l'acte violents, je garderais toujours une profonde admiration pour cet intellectuel aux talents littéraire et dialectique vraiment exceptionnels. Son histoire tragique me bouleverse encore car j'ai aimé et admiré ce personnage mystérieux aux antipodes de ce que je suis. Il contribua, lui aussi, à libérer mon esprit du conservatisme bourgeois de ma famille.



Il ressemblait physiquement beaucoup à son demi-frère Jean-Jacques, célèbre auteur compositeur,  profondément blessé par cette lourde histoire familiale à porter. Au moins eurent-ils en commun une très grande intelligence exacerbée par une sensibilité à fleur de peau. 

Des expressions de Corneille sont passées dans notre langue courante sous forme de maximes dont beaucoup de gens ignorent l'origine :

"A qui sait bien aimer, il n'est rien d'impossible."
(Medée)

Raconter ses maux, souvent on les soulage."
(Polyeucte : 1643)

"L'Amour est un grand maître, il instruit tout d'un coup."
(Le menteur :1644)

"Un bien acquis sans peine est un trésor en l'air."
(Le menteur)

"Devine, si tu peux et choisis, si tu l'oses."
(Héraclius)

Et grâce aux belles photos de Gi-Heff, que le remercie, je peux boucler mon article sur une citation du Cid dont je subis actuellement la situation :

"Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N'ai-je tant vécu pour cette infamie ?"

Je vous renvoie, chers lecteurs, à vos classiques mais aussi au blog de mon ami :

Notes : 
Le collège des jésuites devient le prestigieux Lycée laïc Corneille  au début du XIX°siècle. Des statues de Pierre Corneille sont également visibles du public dans la cours d'honneur de cet établissement et à l'Hôtel de Ville de Rouen, jumelée à celle de Jeanne d'Arc.

Il faut visiter la splendide chapelle saint Louis
, synthèse entre le style gothique tardif et l'architecture classique; la chapelle du lycée Corneille, (ou église Saint-Louis), est une ancienne église, qui se trouve rue Bourg-l'Abbé, au sud du lycée Corneille, à Rouen. L'église fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 21 mars 1910. Elle abrite depuis 2016 une salle de spectacle de 600 places. Très méconnue des rouennais, elle est pourtant la troisième plus grande église de l'agglomération.

Pierre Goldman est l'auteur de deux ouvrages :

    • Souvenirs Qbscurs d'un Juif Polonais né en France  -Récit autobiographique écrit en prison- (Editions du Seuil, 1975)
    • L'Ordinaire Mésaventure d'Archibald Rapoport -Roman du désespoir et de la déraison- (Editions Juliard, 1977)
Gi-Heff est un professionnel de la communication remarquable : on peut lui demander de concevoir un blog, d'accomplir un reportage vidéo ou photographique, une présentation publicitaire ; vous ne serez pas déçus...




 
 

vendredi 8 octobre 2021

L'EGLISE SAINTE-JEANNE-D'ARC ET SES VITRAUX

 

QUAND LA MODERNITE MET EN VALEUR L'ANCIEN :

PLACE DU VIEUX MARCHE
-Une alliance entre une architecture avant-gardiste et des vitraux de la Renaissance-

L’EGLISE SAINTE JEANNE D’ARC ET SES VITRAUX

La Place du Vieux Marché est incontournable quand on visite Rouen car le souvenir de Jeanne d’Arc y est vivant ; réaménagée en 1979 par l’architecte urbaniste Louis ARRETCHE, l’ensemble architectural comprend les hâlettes, l’église et le monument national.


 La loi du 14 juillet 1920 a décidé l’érection au Vieux Marché de Rouen, d’un monument marquant la reconnaissance de la nation tout entière envers la fondatrice de l’unité française, brûlée vive par les anglais le 30 mai1431.

-Carte postale : statue de Maxime Réal del Sarte (1926)-



-Allégorie sur le supplice de Jeanne d'Arc-
-Grande aquarelle réalisée par André Le Noir-

  • Une phrase prononcée par André Malraux en 1964 est gravée dans la pierre sur le Monument national : «  Ô Jeanne sans sépulture et sans portrait, toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants... »
  • L’église Sainte-Jeanne d’Arc traduit la volonté de Louis Arretch de renouer avec la tradition en donnant à l’édifice la forme d’un bateau renversé. L’impression d’élévation est donnée par les courbes de la coque et par le pilier vertical derrière l’autel. La chrétienté est symbolisée par les fenêtres en forme de poisson.
  • Les hâlettes marquent la vocation marchande de la place. C’est un endroit très pittoresque.



Louis Arretche était animé d’une seule recherche : celle de la pureté géométrique absolue.


UNE SUPERBE CHARPENTE :

-Photo de Jacques Charrat-

DES VITRAUX EXCEPTIONNELS :

Les magnifiques vitraux de la Renaissance ‹1520-1530) du chœur de l ’église Saint-Vincent disparue sous les bombardements de 1944 ne pouvaient pas être mieux mis en valeur dans cette église contemporaine. Tout ici symbolise l’alliance des arts anciens avec une vision moderne. 



Les vitraux ont été exécutés par Leprince de Beauvais et un verrier très influencé par Arnoult de Nimègue.

 Dans le cadre rapide d’une visite de Rouen, je ne commente que le très célèbre « Triomphe de la Vierge », vitrail mondialement connu réalisé par le génial Engrand Leprince en 1515.

L’iconographie permettait d’enseigner la religion au peuple car seule l’élite sociale (nobles, artisans, artistes, commerçants, hommes de lois et religieux) savait lire.

  UN CHEF D'OEUVRE



  • Replacé dans la perspective de la chute et de sa rédemption, au registre supérieur, c’est le Paradis avant la Chute : Adam et Eve triomphent entourés des vertus.
  • A la partie médiane ; la faute a été commise et c’est le triomphe du Mal, promené sur un char, précédé d’Asam et Eve déchus, suivis par le cortèges des vices.
  • Mais le dernier registre nous ramène à la pureté : c’est le triomphe de la Vierge Marie, la nouvelle Eve est assise sur un char d’or, tiré par des anges. Le char de la Vierge écrase le Serpent (le mal), alors que les prophètes et les patriarches de l’Ancien Testament ouvrent la marche. 






La composition s’inspirant des triomphes à la romaine, montre le goût de la Renaissance pour la culture antique et il faut aussi remarquer que le déplacement des personnages est esquisser par des pas de danse, ce qui rappelle que Engrand Leprince s’est inspiré aussi d’Albert Dürer.

 Enfin le maître verrier use du jaune d’argent en virtuose dans le modelé des visages.

 A montrer aussi aux visiteurs, la vue de Rouen avec sa cathédrale devant laquelle passent Adam et Eve déchus et le chevet de la cathédrale de Beauvais.


 Cette œuvre majeure de la Renaissance mérite à elle seule une visite à Rouen.

Merci à Gi-Heff de mettre notre patrimoine en valeur avec ses belles photographies.

C’est un plaisir de les commenter.